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Rubrique Lettre de province

Au chevet des déchirures du FFS

Atmosphère pesante au FFS où les concertations suscitent immédiatement des clivages aussitôt qu’elles abordent les questions relatives aux modalités de fonctionnement de cette «impossible» collégialité au sommet du parti. Malade de ce choc des ego rendant la cohabitation particulièrement délicate, il était fatal qu’à un moment ou à un autre, les fragiles consensus internes se délitent. C’est ce qui est advenu, il y a quelques mois, quand Ali Laskri, jusque-là pilier inamovible de la direction, décide de démissionner, créant de fait une crise au sommet de l’appareil. Alors que les militants de base misaient sur la convocation d’un congrès extraordinaire susceptible d’imaginer une solution unitaire élaborée à partir de l’accord du 9 mars, ils furent étonnés de la tournure prise par le conclave où toutes les démarches consensuelles furent exclues. A l’inverse, la confrontation «liste contre liste» paraphait un autre échec dès l’instant où il devint notoire qu’on allait tout droit vers d’autres règlements de comptes. D’ailleurs, l’homme fort de l’opération n’allait pas s’embarrasser de propos apaisants au cours de sa prise de parole. En permettant de recourir à l’épuration afin, dit-il, de «restituer» le parti à ses véritables militants, ne désigne-t-il pas à l’avance ceux qui doivent être «soldés» ? C'est-à-dire l’adversité qui, selon lui, avait contrôlé sans partage la structure dirigeante depuis le 5e congrès tenu en 2013 et à partir duquel Aït Ahmed allait annoncer son retrait définitif de la vie politique.
De toute évidence, si une telle violence politique anime actuellement les échanges d’arguments au sommet du parti, cela tient au fait que le père fondateur du «Front» s’était abstenu de tout exercice testamentaire. C’est pourquoi à présent, le plus vieux parti de l’opposition éprouve d’énormes difficultés à opérer la transition permettant à ses militants de ne pas se contenter de désigner ponctuellement leurs dirigeants et plutôt de se projeter doctrinalement quitte à amender la démarche de «Da L’Hocine» ! Il est vrai que le legs d’un demi-siècle de militantisme de son fondateur est énorme au point qu’il décourage les héritiers actuels chaque fois qu’il leur est demandé d’actualiser certains aspects de la doctrine afin de rendre attractive la présence du parti en tant qu’alternative à l’esprit du système. En somme, il faudra attendre un congrès refondateur pour rompre avec un conservatisme proche du tabou. De plus, il y eut de fâcheux précédents lors de certains engagements transpartisans. Car il suffit de réexaminer les raisons qui avaient récemment poussé sa direction à tenter de passer des deals avec les appareils du pouvoir (RND et FLN) pour se convaincre que le parti manque désormais de boussole idéologique. Il est vrai que Aït Ahmed n’est plus de ce monde lui qui rédigeait la feuille de route des animateurs organiques que sont justement les Ali Laskri et les autres. Certes, la somme de principes qui sous-tendait l’action du FFS dans les contextes du passé mérite de nos jours certains rafraîchissement afin d’inscrire l’action du parti dans la réalité du moment. Seulement il était attendu de sa nomenklatura qu’elle préserve impérativement l’identité du parti sans laquelle il risque d’être confondu avec la multitude d’appareils alibis n’existant que par la bénédiction des pouvoirs. Cette identité reconnaissable à son historique refus des accointances douteuses ne lui a-t-elle pas permis de survivre au-delà de la glaciation dictatoriale. Au sujet de cette fameuse résistance au cœur des vents contraires, certains politologues iront même jusqu’à affirmer qu’il s’est paradoxalement bonifié face à cette hostilité et cela grâce au sens de la communication de son leader. Ce qui ne fut pas le cas pour Boudiaf qui décida de saborder son parti à la suite de la disparition de Boumediène. Etonnamment, Aït Ahmed exploitera différemment ce tournant politique en trouvant matière à mettre en lumière l’arbitraire qui, en ce temps-là, régnait dans le pays. Décrivant la «succession fermée» qui caractérisait le système, il ironisera à propos de la succession post-Boumediène insistant sur le fait qu’elle «a plus profité au régime que de lui nuire». Même si tous ces rappels relèvent manifestement de l’anecdote, il n’en demeure pas moins qu’ils traduisent chez leur auteur de solides références doctrinales servies par une dialectique imparable. Un autre exemple, celui des évènements du 5 Octobre 88, lorsque seul le FFS ne s’était pas abusé quant à la manipulation ayant rendu possible la révolte. En effet, la circonspection dont fit preuve sa réaction est significative. «… Et s’il ne s’agissait que d’un bluff démocratique, déclarait-il, destiné à donner au pouvoir un semblant de légitimité à l’image de la kermesse colossale organisée en 1976 autour de la charte nationale ?» C’est justement ce magistral scepticisme inoculé par Aït Ahmed qui, depuis, devint le signe de reconnaissance que ses militants partagèrent à leu tour. Or, que reste-t-il à présent d’une élogieuse analyse politique datant de 20 années et qui fit écrire à un observateur ceci : «Le courant démocratique finira totalement par être dominé par le FFS, lequel est remarquable à la fois par son ancrage social et la constance de son programme.» Hélas, de toutes ces prévisions, aucune n’a résisté au laminage des valeurs à la suite de montée en première ligne des Rastignac, après le «départ» du fondateur. Il est peut-être encore possible d’entrevoir ici et là quelques esquisses de programme et rencontrer, dans le même temps, quelques militants convaincus et fidèles mais cela ne suffit guère à entretenir le feu sacré. Car, à force de concentrer entre ses mains l’ensemble des prérogatives, Aït Ahmed n’a-t-il pas fait l’erreur de laisser grandir dans l’appareil un militantisme d’assistés ? Idéologue sans partage, ne s’était-il pas aperçu que l’élite du parti est devenue semblable à un séminaire de «répétiteurs quand il eut fallu la pousser à lui apporter la contradiction afin d’aiguiser chez elle la vigilance idéologique ? Trop protégés en tant que propagandistes, ses cadres ne finirent-ils par se révéler comme des politiciens, au sens péjoratif du mot ? D’où la guéguerre au sujet de la «haute marche» au sein d’une direction collégiale.
Mais comme le ressentiment est toujours présent entre des clans qui se déchirent et qu’il faille attendre une année et probablement plus avant la tenue du 6e congrès, l’on ne peut écarter l’hypothèse d’autres déconvenues susceptible de tirer vers les tréfonds un temple politique, qui aura alors vécu.
B. H.

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