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Rubrique Lettre de province

Foot : professionnalisme au rabais et hooliganisme chronique

L’on sait depuis longtemps que le journalisme sportif a cessé d’être ce «supplément d’âme» nécessaire aux journaux, comme l’avait qualifié jadis Antoine Blondin, l’auteur de «un singe en hiver». Mieux ou pire, c’est selon… En tout cas avec l’émergence des médias, dont la spécialité est la couverture de l’évènementiel des stades, il ne se passe guère un seul petit jour sans que l’on apprenne du nouveau au sujet de tel ou tel match. Ainsi, en marge de la récente épidémie de hooliganisme impliquant le microcosme du football, ce furent notamment les réseaux sociaux qui s’emparèrent du sujet amplifiant à l’excès les faits, là où, en vérité, il n’y eut que des «échauffourées, (…) qui font partie du décor de notre football» comme vient de le souligner Serrar, le nouveau dirigeant de l’USMA. Un avis que certains cercles refusent de partager pour exiger «justice» au nom de leur spoliation sportive. Il est vrai que les échanges d’accusations dont les télévisions privées relayèrent à l’envi les arguties, finirent par convaincre le téléspectateur qu’il avait plutôt affaire à des «Ponce Pilate» ne se préoccupant que de la «propreté» de leurs mains. Se voulant étrangers aux mauvaises tournures prises par les compétitions de la semaine précédente, ne finirent-ils pas par écrire en quelque sorte des scénarios d’apocalypse là où, en vérité, s’étaient déroulés des remakes de ce qui eut lieu parfois lorsqu’ils recevaient à «domicile».
Dans une ambiance déplorable au sein de laquelle l’hypocrisie et les faux fuyants sont devenus les postures de la plupart des dirigeants du football, l’on prétend, tout de même, vouloir examiner à la loupe un dérapage factuel de la compétition alors que la discipline (le football) qui s’y pratique et les structures qui l’organisent sont elles-mêmes gangrenées. Très tôt, en effet, ce professionnalisme dont se gargarise l’Algérie depuis 10 années s’est révélé n’être qu’un bidouillage à haut risque. Celui qui, non seulement avait consisté à pourrir financièrement des footballeurs aux talents incertains mais tout à fait disposés à être au centre de tous les faux contrats ; et de surcroît avait permis aux dirigeants des clubs d’affecter à tort les subventions publiques à l’abri de tout contrôle réglementaire. Comment en est- on arrivé à cette situation alors que nul n’ignorait que cette pratique portait le germe d’un système sportif quasi-mafieux ? L’on peut expliquer la genèse d’un pareil accouchement par le principe de l’effet d’aubaine ! C'est-à-dire fructifier à chaud une qualification au Mondial de 2010 après une disette de 24 années (1986-2010), en la transformant en catalyseur pour engager la plus périlleuse des réformes. C’est ainsi qu’avec 2 ou 3 textes réglementaires, bricolés en «s’inspirant des modèles étrangers sans rapport avec la réalité du cas algérien, l’on fit l’annonce que l’on sait.
Dans la foulée, une liste de 32 associations de clubs fut arrêtée qu’il fallait évidemment rendre éligible au statut de club professionnel sans qu’au préalable il fut établi avec certitude la viabilité de leurs ressources matérielles et la fiabilité de leurs structures sportives. Or, en son temps, la presse sportive avait tiré la sonnette d’alarme à propos notamment de la faune de candidats postulant aux fonctions de dirigeants des clubs. En vain. Démagogue, comme il n’est pas permis de l’être, la direction de la FAF forcera la main aux pouvoirs publics qui actualiseront alors une ordonnance, restée jusque-là lettre morte et datée du 5 février 1995, par laquelle elle donnera le feu vert pour le grand voyage dans la galaxie du pillage.
En effet, les captations et la dilapidation des subventions publiques commencèrent très tôt. A partir de ce changement de statut dans le football, l’on vit émerger une autre génération de gestionnaires de clubs. Les uns pittoresques tant par leur maladresse que par leur ignorance des codes réglementaires régissant le football mais d’autres, par contre, rompus à l’affairisme et jonglant avec les fonds publics qu’ils accaparèrent. En somme, ce sera le contexte du Mondial 2010 et le populisme politique qui firent le lit aux raiders qui, peu nourris de l’humilité qu’inspire «la glorieuse incertitude du sport» n’ont d’autres certitudes que les mercatos concernant les joueurs.
Dans une impunité quasi-totale, ils se payent toujours sur la bête en ponctionnant à leur profit personnel les transactions tout en menant grand train la vie avec l’argent du contribuable supposé pourtant devoir servir au développement de la discipline. Pis encore, l’OPA réussie qui nous vaut un professionnalisme au rabais n’est-elle pas également à l’origine de l’assèchement du travail de massification pourtant inscrit en lettres d’or dans le programme fédéral ?
Face à la prédation des négriers qui ont inventé un marché informel et l’ont réglementé de telle sorte que la discrétion des transactions soit assurée, ni la FAF ni sa ligue n’ont eu de réactions saines et claires. C’est, par conséquent, ce silence coupable d’une ligue gestionnaire de la compétition qui aurait dû recouper par de véritables audits les mouvements financiers de chaque club et de tenir avec exactitude la mise à jour des 32 entreprises sous sa coupe. Car nul ne se fait d’illusion sur l’origine de l’anarchie et parfois même la manipulation des supporters. Cela ne peut étonner seulement que les derniers naïfs lorsqu’on sait qu’à l’origine de certaines colères des stades il y a parfois le sentiment que leur club est moins bien «subventionné» que l’adversaire du jour !
Ici, un wali s’autorise des subventions conséquentes et même des primes alléchantes, pour une accession, quand un autre d’une lointaine wilaya refuse légalement de participer au paiement des salaires des joueurs du club local en prétextant, à juste titre, son incompétence dans ce domaine. Sans doute que chaque wali possède son propre baromètre local pour mesurer le degré de la paix sociale ! Il est vrai que le pouvoir d’Etat ferme les yeux au sujet de ces générosités peu orthodoxes. Sauf que cette gravissime entorse à l’exemplarité de l’Etat n’aurait pas dû exister dans la mesure où le robinet des subventions publiques ne saurait arroser que des activités d’utilité strictement sociale. Etait-ce le cas des clubs «pros» ? Sans doute pas, dès lors qu’ils existent et activent dans un cadre d’entreprenariat financé par l’apport des actionnaires, les recettes des stades et de la télé en plus du sponsoring privé ! Faut-il donc insister sur le qualificatif «privé» pour exclure la possibilité de recourir à l’argent public ? Certainement. Hélas, la démagogie de l’Etat en avait décidé autrement dès la saison 2010-2011 quand elle adouba la nouvelle classe des managers de clubs, ces clients dociles pour peu qu’ils soient défrayés avec discrétion. Car ce sont ceux-là qui sont aptes à faire descendre dans la rue des supporters des stades et à leur édicter des slogans politiques en lieu et place des chants «clubards». Présidents d’associations sportives et accessoirement agents électoraux, ces managers-là sont des cumulards que la puissance publique protège !
B. H.

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