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Rubrique Lettre de province

Féminisme et espace public : le code de la famille et autres… tares

Peut-on se satisfaire de la seule existence dans la scène syndicale d’une unique combattante au long cours pour affirmer que la parité homme-femme s’améliore dans notre pays ?
Peu importe les dissertations que délivrera la classe dirigeante au cours de la cérémonie du 8 mars prochain, il est même attendu que ces propos-là seront marqués de l’habituelle condescendance se déclinant en général autour de la thématique des «étapes franchies». Et c’est justement ce recours aux procédés «comparatifs» relativisant les retards que madame Salhi, la syndicaliste emblématique à laquelle il est fait allusion plus haut, réfute par avance en reprochant aux «politiques» de manquer de franchise dans la manière d’aborder cette séculaire discrimination. «Il y a beaucoup de résistance pour la promotion des femmes travailleuses», rappelle-t-elle en substance. Car selon son expérience, la raison primordiale à ces blocages obéit de nos jours, moins au conservatisme culturel ou cultuel qu’à la course aux avantages matériels accompagnant les promotions. Dit autrement et avec l’humour d’un syndicaliste français, ici aussi dans cette Algérie tourmentée, il existe tout de même une véritable «lutte des places» qui n’aurait rien à voir avec une quelconque «lutte des classes» ! Sans se faire d’illusion sur ce que sera le statut de la femme algérienne dans les années à venir, il est rassurant de constater que certaines d’entre elles refusent, aujourd’hui, d’applaudir à l’existence d’un code de la famille lorsqu’on sait qu’il est en contradiction avec la Constitution. Alors que l’égalité réelle puise sa source dans les lois et textes sur le travail pourquoi donc la moitié de la société serait de surcroît contrainte de se référer à un code idéologique et doctrinal forcément subjectif. C’est ainsi que, de temps à autre, certaines voix se sont élevées pour appeler à la révolte de toutes les minorités féminines condamnées à la discrétion aussi bien dans les appareils politiques que celles se démenant au sein du mouvement associatif. Certes pour elles, un tel engagement apparaît souvent comme vain tant il est essaimé d’impasses et de chausse-trappes que de voies clairement balisées.
Obligées de s’interroger en permanence sur les démarches pour traduire en actes politiques une parité effective, elles se voient souvent piégées par le fait de «s’encarter» politiquement dans les partis, là où justement le machisme est cultivé sans complexe et parfois même avec une insolente arrogance à l’endroit des «sœurs militantes» ! Il est d’ailleurs facile de mesurer l’écart qui sépare ces prétendues composantes d’un même parti politique. Entre «elles» et «eux», la différence s’exprime en termes de niveau de responsabilité en interne tout autant qu’à travers l’accès à une visibilité institutionnelle dans l’appareil de l’Etat.
Tout cela veut dire que l’Algérienne n’est pas malmenée seulement dans la rue, elle est aussi sous-estimée intellectuellement dans les allées d’un pouvoir peuplé de caciques complotant pour leur propre compte. Etonnamment, ce sont principalement les partis politiques qui entretiennent une forme de ségrégation à l’encontre des femmes pour une raison simple concernant les sinécures politiques à distribuer au clan masculin. C’est ainsi qu’en dehors du courant islamiste dont l’éthique militante est indexée sur le primat masculin, l’ensemble des autres officines partisanes ne cultive une relative parité que lors des rendez-vous électoralistes sanctionnés par de bons quotas. De ce «talent d’Achille» qui oblige les partis politiques à traîner les pieds face à l’impératif paritaire, le pouvoir n’en avait-il pas fait un argument de campagne en 2012 auprès des îlots féministes afin de les diviser ? C’était de ce décalage entre l’attente d’une abrogation d’un code datant de 1984 et le réformisme par petites touches que naîtra chez certaines militantes le sentiment d’avoir définitivement perdu le combat.
Un mécontentement qui remonte à l’époque du troisième mandat de Bouteflika et ne visant expressément que la cohorte de militantes qui ont viré de bord en plaidant la cause officielle ayant fait de l’amendement d’un code ; un acte d’émancipation. Au nom du pragmatisme, ces dernières considérèrent que la disparition de certaines dispositions infâmes suffisait à rendre vivable un cadre réglementaire auparavant contraignant. C’est ce féminisme d’opportunistes qui bloque à ce jour le mouvement au point d’offrir une occasion à un syndicat «jaune» d’organiser un séminaire sur le même sujet ! Faisant siennes la recette traditionnelle de l’entrisme, les rares militantes visibles et audibles actuellement se consolent comme elles peuvent de leur statut d’arrière-garde dans un combat douteux. Or, leur inutile intervention dans l’espace politique brouille surtout la perception qui aurait dû être la leur alors que les données démographiques et les paramètres de compétence plaident justement pour une société harmonieusement égalitaire.
Et pour cause, lorsque 70% des diplômés universitaires sont des filles et que dans le même temps, on déplore que seulement 10% de cette élite occupe des postes de responsabilité, l’on est en droit de se demander si nous ne sommes pas en face d’un véritable racisme du genre ? Alors qu’un peu partout dans le monde, la parité a fait son chemin, il n y a aucune raison pour que l’Algérie n’emprunte pas le même train.
Autant croire qu’il est tout à fait réaliste d’atteindre sans dommage cet objectif. Il suffit de briser ce fatalisme oblitéré par la fausse dévotion d’un personnel politique qui persiste à faire accroire que la religion y est pour l’essentiel dans la définition des vocations entre eux et elles. En somme, ne faut-il pas se convaincre que la féminité n’est pas une incompétence congénitale lorsqu’elle se mêle de politique ?
B. H.

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