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Rubrique Lettre de province

L’école et ses examens, Ramadhan et ses couffins

Mobilisation générale dans le secteur de l’enseignement en vue des examens nationaux de fin de cycles. Avec un peu plus de deux millions de potaches concernés par les trois challenges (5e, BEM et bac), l’on devine aisément la complexité de la logistique qu’il va falloir déployer afin que rien ne vienne perturber l’ensemble des épreuves. D’ailleurs, le fait que la presse dans son ensemble mette l’accent sur les fâcheux dérapages qui ont gravement impactés la session du bac de l’an dernier suppose que le département de madame Benghabrit n’était pas exempt de reproches et, par voie de conséquence, qu’il est attendu que l’on soit plus vigilant cette année en traquant plus efficacement les fuites des sujets.
Il est vrai que dans son ensemble, la problématique de l’éducation nationale demeure une question d’une extrême sensibilité où le moindre couac dans l’organisation tout autant que les plus bénignes innovations pédagogiques suscitent de violentes polémiques au cœur des institutions de l’Etat jusqu’à mettre dans l’embarras le pouvoir lui-même. C’est que l’école algérienne est devenue, au lendemain d’Octobre 1988, un enjeu primordial pour les courants islamistes qui n’eurent de cesse de s’immiscer dans l’élaboration des contenus pédagogiques. Soumise à des débats doctrinaux en l’absence d’une réelle sanctuarisation, que seule la Constitution aurait pu lui donner, elle continue de subir des ravages de tous ordres empêchant la moindre mise à jour de la manière de conduire les réformes qui s’imposent. Surexposée à de multiples chantages émanant aussi bien des lobbies idéologiques que du corporatisme syndical, elle éprouve d’énormes difficultés à piloter son propre fonctionnement au point de rendre aléatoire l’accomplissement, dans les temps impartis, de la totalité des cursus pédagogiques. D’ailleurs, cette malédiction qui la frappe d’une année à l’autre aurait dû interpeller sérieusement l’autorité de l’Etat dont l’absence de réactivité alimente des soupçons à son égard. Au moment donc où il ne reste que deux étapes (BEM et bac) à superviser, l’on ne peut que croiser les doigts afin d’épargner à cette année scolaire le péril d’un désastre général, elle qui connut de ravageuses grèves tout le long de l’année scolaire.
En sursis donc jusqu’à la clôture de la saison des examens, le sujet de l’école devra donc se contenter de cette prudente dissertation journalistique afin de laisser au commentaire la latitude de se pencher sur les péripéties de notre charité ramadanesque. Mois béni de la palabre, celui-ci n’a-t-il pas été souvent marqué par de féroces critiques concernant les aspects de notre rapport à cet acte religieux surtout quand cela concerne la supposée bienveillance à l’égard des pauvres trop ostentatoire au lieu d’être discrète ? C’est que la ponctualité de «l’opération couffin», reconduite d’une année à l’autre, surcharge à l’excès la signification de cette solidarité, laquelle a fini par choquer le sens commun horrifié par ce piétisme tapageur qui fait de la distribution de misérables paniers l’action primordiale de la foi ! Une irritation ressentie de surcroît comme une insulte, toutes les fois où l’intervention des pouvoirs publics prend la tonalité des prêches glorificateurs mettant en exergue une indécente arithmétique des couffins. Une éhontée propagande politique qui se substitue à la solidarité naturelle des gens. C’est, dit-on avec un brin d’ironie, le monopole du «cœur» exclusivement ramadanesque dont se prévaut l’Etat qui l’accuse bien plus qu’il ne le dédouane. Car la démarche est en soi compromettante pour la puissance publique lorsqu’elle confisque la séquence religieuse pour affirmer la prépondérance de son action face à la pauvreté. En réalité, ce ne sont que des effets d’annonce et  ne valent au mieux que les habituels traitements de l’image du pouvoir et dont le ministre de l’Intérieur vient d’en faire usage en rendant publique la future «réforme du couffin». C’est dire que la pauvreté structurelle, qui n’a jamais été appréhendée par une réelle politique, malgré les décennies de vaches grasses, attendra d’autres décades politiques avant d’être traitée comme il se doit. Pour l’instant, le gouvernement se satisfait d’une certaine tartufferie en transformant le couffin de l’humiliation en «petit chèque de la foi». Or, ce ne sont pas ces pirouettes de la «com’» qui pourraient rendre meilleure une gouvernance. Autrement dit, il est inconcevable que l’Etat puisse se prévaloir d’activités caritatives alors qu’il est dépositaire du devoir d’équité. Celui qui consiste à réguler les attentes sociales. Or, tant que les paramètres du Ramadhan et de l’aumône alimentaire demeurent la boîte à outils des gouvernements, il sera difficile de parier le moindre dinar sur des lendemains différents du présent. Dans un pays happé par la spirale du chômage, faire du modeste panier de légumes secs la parade à des faims, généralement chroniques et antérieures au jeûne religieux, est politiquement improductif. Alors que les attentes sociales sont de plus pressantes, les bonnes réponses ne sont-elles pas également ailleurs que dans l’assistanat saisonnier ? La charité même bien ordonnée n’est pas en soi une volonté politique mais plutôt de la fuite en avant. Il s’agit également du sens à donner à la notion de solidarité qui ne devrait guère avoir pour corollaire le strict secourisme alimentaire. C’est ce reproche-là qui devrait inciter l’Etat à se concentrer sur ses fondamentaux s’agissant des précarités sociales en réduisant les écarts flagrants entre les nantis et les éclopés économiques. En somme, socialiser la richesse globale de la société au lieu de recourir à la misérable aumône dictée par une certaine exigence spirituelle laquelle n’a pourtant jamais recommandé que les «guichets» de la charité officielle ferment au lendemain du carême ! En somme, pourquoi la dévotion exacerbée trente jours durant pousse-t-elle l’Etat à n’agir que dans ce contexte-là ? A moins de le soupçonner d’user de la «saison de la foi» comme d’un argument de propagande, il y a suffisamment de raisons à cela… Inutile, par conséquent, de rappeler que seul Dieu et les miséreux reconnaîtront les leurs lorsque les jours profanes reprendront leur place après ce mois sacré dépositaire de la table des bonnes œuvres.
B. H

 

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