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Rubrique Lettre de province

Les faux dilemmes de Benflis et Hanoune

Alors que la plupart des commentaires de presse mettent en perspective l’inqualifiable option du palais en soulignant la défaite de la démocratie, il se trouve tout de même quelques impénitentes personnalités qui seraient disposées, dans une relative discrétion, à s’impliquer dans le prochain théâtre d’ombres. Se prévalant de l’hypothèse qu’il est impensable que le scénario de 2014 se rejoue cette fois encore, elles s’estiment, par conséquent, en droit de parier sur d’autres hypothèses. Autrement dit, elles feignent de croire qu’un aléatoire dérapage de la mécanique du pouvoir suffit pour que toute la donne change. Encore que ce genre de probabilité ne soit envisageable que dans certaines conditions, sinon elle relèverait du fantasme et pourquoi pas du faux prétexte de la part de ceux qui l’ont imaginé.
C’est peut-être de la sorte qu’un Benflis ou la dame Hanoune pourraient bientôt se justifier lorsqu’ils se rendront au siège du Conseil constitutionnel et qu’ils auront à se justifier alors qu’ils ne cachaient pas leur mécontentement à l’annonce de la prochaine reconduction de Bouteflika. En somme, ces probables acteurs, dont l’ambiguïté ou plutôt l’inconséquence risque d’être leur point faible, agréent parfaitement le palais qui verrait en eux les sparring-partners idéaux pour ne pas rater une campagne, singulière à tous points de vue.
A ce propos, c’est à Benflis que l’on pense en premier lieu et dont la participation ou, au contraire, son retrait seront, d’une manière ou d’une autre, sources de commentaires. C’est-à-dire que la posture qu’il choisira risque de lui valoir des appréciations diamétralement opposées. Lui qui a capitalisé une solide expérience au service de l’Etat et fut également un cadre de référence au sein du FLN, n’avait-il pas nourri par la suite du ressentiment et une aversion notoire à l’encontre de l’actuel régime ? Après une éclipse ayant duré neuf longues années, il refait surface à la veille de la présidentielle de 2014. C’est ainsi que, durant la décennie qui s’achève, il devint un excellent «client» pour les journalistes en ce sens qu’il disposait de deux ou trois atouts politiques qui firent de lui un interlocuteur subtil dans le jugement et un polémiste cruel lorsqu’il décide de régler son compte à celui ou à ceux qu’il estime être de mauvaise foi. Au cœur même du système alors qu’il cumulait la prestigieuse fonction de chef de gouvernement et d’idéologue du FLN, ne fut-il pas l’auteur d’une tentative – avortée violemment – d’imposer le principe de l’alternance ? C’est à partir de ce double exercice qu’il commença à prendre conscience de l’énorme décalage qui prévalait entre les sentencieuses prescriptions éthiques du palais et la nature douteuse des manœuvres dont la source était elle aussi à El-Mouradia.
Tout au long de la période qui précéda la tenue du 8e congrès du FLN, sa relation avec le chef de l’Etat se détériorera jusqu’à atteindre une rupture larvée. Privé alors de la consultation avec «ses» ministres, le chef de gouvernement qu’il était en fut réduit au chômage. Des mois plus tard, le clash initial allait se transformer en casus belli en mars 2003 quand il fut poussé à la démission de son poste de Premier ministre puis chassé par la force du FLN. En dépit de l’isolement qu’ils lui imposèrent, il se portera comme candidat à la présidentielle de 2004 au cours de laquelle il a tenu à témoigner de son parcours et des motifs qui lui valurent une véritable chasse aux sorcières. Le soir du vote, il sera conforté dans son scepticisme à la lecture de scores falsifiés du scrutin et dans le même temps renforcé dans sa certitude quant à l’impossibilité de changer de république sans solder auparavant le système.
Mais alors, si depuis 15 années et quatre mandats rien n’a changé, n’est-il pas permis de se demander où Benflis trouve-t-il des ressorts et puise-t-il de l’énergie pour ferrailler contre la même adversité qu’il connut deux décennies plus tôt ?
A son sujet, ce serait moins du côté de la haine recuite qu’il faut trouver les bonnes raisons, car ce juriste au long cours a connu lui aussi la lumière de la notoriété. Et comme seuls les feux de la rampe d’une présidentielle sont susceptibles de ravir l’ego, pourquoi chercher ailleurs de fausses explications ?
Mais alors qu’en est-il de Louisa Hanoune, cette opposante sur mesure qui, jusque-là, n’a jamais raté les présidentielles sous le règne de Bouteflika. Aux dernières nouvelles, c’est elle-même qui affirmait qu’elle ne s’était pas encore décidée tout en étant convaincue personnellement qu’elle «n’aimerait pas y être» (sic) et d’ajouter, afin de ne pas être prise au mot, qu’elle allait toutefois se soumettre à «l’avis du comité central» (re-sic) ! Elle est bonne la blague d’une trotskiste de l’arrière-garde qui s’est accommodée au régime bien mieux que tous les leaders de tous les partis réunis. Cela est d’autant compromettant à son sujet qu’elle fut reçue comme une diva par Bouteflika au lendemain de sa réélection en 2004. Or, si cette valse-hésitation a quelque chose de sincère, pourquoi donc ne déclare-t-elle pas que ses réseaux sont à la besogne en train de ficeler le dossier des souscriptions «au cas où…» elle changerait elle-même d’avis. Rompue à l’exercice du grand écart lui ayant permis d’afficher une double posture en toutes circonstances, elle est effectivement parvenue à devenir une personnalité médiatique confisquant la parole politique de son parti au point de reléguer ses militants à la marge de la visibilité. Dès la présidentielle de 2004, elle comprit l’intérêt à tirer d’un rapprochement avec le palais après avoir conduit une campagne ciblant essentiellement Benflis justement qu’elle soupçonnait de n’être qu’un homme-lige de l’armée. De cette performance qui plut à Bouteflika, elle accéda à une satellisation d’un autre genre. Celle de postuler au statut «d’opposante à la carte». Un préalable strictement tactique qu’elle affinera au fil des occasions jusqu’à ce qu’il devînt lors de ses interventions un modèle de réalisme. Celui qui consiste à se déterminer sans a priori doctrinal avec pour seule boussole le contexte.
Grâce à sa liberté de ton et à l’absence chez elle de tabous idéologiques, tellement courants dans les partis, elle sut se mettre au service du Président sans que cela fut considéré comme de l’allégeance. Mieux encore, elle s’autorisa, un certain 12 novembre 2008, au moment où la Constitution allait être violée au Parlement, de ne pas voter “non”. Une semi-approbation qui lui permettra, six mois plus tard (avril 2009), de faire la courte échelle au Président sortant.
Le reste allant de soi, le PT devint le parti le plus sollicité quand il s’agissait de faire passer les messages les plus délicats. A grands traits, c’est ce à quoi a été réduit «le soutien critique» dont elle s’était prévalue au moment où le pays était sens dessus-dessous. Choisira-t-elle de s’éloigner d’une connivence politique trop coûteuse moralement ou, au contraire, préférera-t-elle subir le reproche de l’inconséquence au nom d’une bien curieuse fidélité à ce fameux régime ?
B. H.

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