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Rubrique Monde

Tunisie Kaïs Saïed sur deux fronts

De Tunis, Mohamed Kettou
La corruption et les malversations financières ont atteint, en Tunisie, de grandes proportions au point de toucher l'un des plus importants secteurs, celui de l'enseignement, dont les conséquences sur l'avenir du pays ne sont plus à démontrer. Plus d'un millier de faux diplômés viennent d'être épinglés par la justice.
Voilà pourquoi le Président Kaïs Saïed multiplie quotidiennement les appels au renforcement de la lutte contre ce phénomène. Pire encore, le nombre des enseignants aux faux diplômes serait, selon certaines sources, de huit mille. Un chiffre qui reste à vérifier et une catastrophe en vue qui donnerait une génération d'ignorants.
Voilà pourquoi le chef de l'État en parle tous les jours et la télévision nationale diffuse ses propos, contrairement à sa ligne éditoriale antérieure.
Ce changement d'orientation de ce média depuis la prise en main des pouvoirs exécutif et législatif par Kaïs Saïed s'explique par sa volonté de s'associer à cette lutte en tenant informé le peuple de tout ce qu'entreprend le Président. 
Un autre thème domine les allocutions, presque quotidiennes du chef de l'État, celui de la souveraineté nationale. En effet, Kaïs Saïed ne cesse de rappeler que la souveraineté de la Tunisie n'est pas négociable. En dehors de ces deux constantes, il se limite à l'annonce de l'organisation d'un dialogue national avec les jeunes, alors que le peuple s'impatiente de connaître un programme dont l'exécution permettrait au pays de se remettre sur les rails.
De tels propos sont répétés pour rappeler aux détracteurs du Président, tant tunisiens qu'étrangers, que le «coup» du 25 juillet était destiné à sauver le pays du marasme dans lequel il a été jeté depuis 2011 et le peuple, de la pauvreté.
En s'adressant à l'étranger, le chef de l'État tunisien cherche à repousser les pressions qu'il subit de la part des Etats-Unis d'Amérique et de l'Union européenne pour rétablir la «démocratie parlementaire». D'ailleurs, lors d'une récente réunion, le Parlement européen — qui n'a, du reste, aucun pouvoir — a poursuivi ses pressions en invitant Kaïs Saïed à effectuer un retour à la vie constitutionnelle.
Pressions extérieures
À ce sujet, le chef de l'État tunisien agit comme si de rien n'était et fait preuve de résistance, malgré les mises en garde inavouées des auteurs de menaces cachées ou clairement exprimées, à l'instar de celles du Congrès américain. D'ailleurs, en recevant, de temps à autre, des personnalités de ces pays, il ne recule pas et tient le même langage pour défendre sa thèse de défense du pays et du peuple. 
Ainsi, il n'a jamais caché son rejet de l'ingérence étrangère dans les affaires tunisiennes déclarant, il y a quelques jours, à un «intrus» (allusion faite à un ministre français) que la Tunisie a formé son gouvernement au moment où elle a décidé de le faire et jamais sous la pression. Au plan intérieur, l'appel à la lutte contre la corruption commence à se concrétiser sur le terrain. D'anciens hauts responsables (ministres, gouverneurs ou députés) sont sous les verrous pour répondre d’actes répréhensibles. L'intervention du parquet est perceptible dans plusieurs secteurs touchés par la corruption, en particulier  l'agriculture et l'enseignement, où des malversations ont été tues depuis plusieurs années.
Les affaires déterrées depuis quelques jours montreront, au public, un pan des personnes qui ont conduit le pays à la banqueroute.
Cependant, où va le pays ? Le flou que fait persister Kaïs Saïed intrigue les citoyens qui appréhendent un retour au pouvoir personnel que laisse craindre sa détermination, du moins temporaire, à garder tous les pouvoirs.
M. K.

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