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Rubrique Monde

Un passeport pour les migrants

L’agronome et écologiste engagé français, René Dumont, avait pourtant tiré la sonnette d’alarme dès 1962 (il y a de cela 59 ans !) en publiant «L’Afrique noire est mal partie. Le contenu est une mise en garde adressée aux dirigeants des pays nouvellement décolonisés. Mais le ver est vite entré dans le fruit, il a pour noms pouvoir absolu,  corruption, arbitraire. Un demi-siècle plus tard, les conséquences de leur aveuglement explosent au visage des hommes de bonne volonté qui observent, impuissants, tout le mal qui résulte de leurs égarements. Guerres, famine, misère morale, impasse à tous les niveaux de la vie sociale. C’est devenu, malheureusement, la règle : exode massif vers des cieux cléments. Comme un torrent impétueux, il balaye sur son passage les frontières. Brusquement, l’Europe se réveille à cette «menace», leurs protégés au pouvoir en Afrique ne peuvent rien pour endiguer la vague qui agit comme un tsunami. Pays de transit ou terre d’asile, l’Algérie est exposée en premier. Les villes du Nord, de l’Est et de l’Ouest connaissent un impressionnant afflux de migrants subsahariens qui occupent les espaces publics, les rues et installent des habitats de fortune en dépit de la pandémie de coronavirus. Malgré cette pression des arrivées ininterrompues, les Algériens affichent une inquiétude modérée, n’hésitent pas à mettre la main à la poche pour donner quelque aumône (sadaka). Ils se préoccupent beaucoup plus des risques liés aux mauvaises conditions sanitaires.  Épargnés de xénophobie ou des  comportements ségrégationnistes, nos voisins ouest-africains trouvent à manger à leur faim, grâce justement à la générosité des Algériens qui ont le cœur sur la main. Il est évident que les pouvoirs publics ne voient pas d’un bon œil la forte augmentation de leur nombre. Plusieurs opérations de refoulement vers les pays d’origine ont été organisées, au risque de s’attirer les foudres des organisations humanitaires du monde, voire même de l’ONU ! En vain. Cela est devenu un casse-tête politique dont ils se seraient bien passés. Les refoulements s’étant avérés inefficaces, quelle solution alors pour endiguer ce qui est devenu un fléau sachant que les gouvernements des pays émetteurs ne font absolument rien pour retenir leurs compatriotes. En Algérie, faut-il régulariser tous  les migrants africains ? Octroyer un document de séjour temporaire ?  Octroyer la nationalité ? Cela ne risque-t-il pas de provoquer une réaction négative ? Il convient d’observer que l’intégration-assimilation ne devrait pas paraître relever du domaine de l’impossible et pourrait être vue comme un enrichissement. Par ailleurs, nombre de ces migrants ont un comportement exemplaire. Dans les exploitations agricoles, les chantiers de construction, leur sérieux plaide pour eux. Tous les migrants, de l’Afrique de l’Ouest majoritairement, ne font pas forcément la manche. Bien sapés, portable dernier cri à la main, ils attendent, sans stress visible, l’occasion de franchir la grande bleue. Ce qui est une autre affaire…
B.T
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