Au prix où est la viande ces dernières heures, le vrai gros scandale, ça serait d’en trouver dans des containers de cocaïne !
Pas l’inverse !
J’en ai assez des ophtalmos qui décrètent et délivrent sur un ton docte ce diagnostic : «La violence aveugle» ! Les mêmes, ou des cousins proches, ou des clones les avaient précédés dans l’analyse imbécile durant la période hard du terrorisme en alignant cette autre ineptie : «Les attentats aveugles» ! Des fois, je me dis qu’il vaut mieux être sourd que d’entendre ça ! Sauf que les mecs et les nanas te gueulent ce verdict aux oreilles à longueur de journée, de pages et de blablatages sur les plateaux télés. D’où tu as vu, Allah Yerham Babek, que la violence est vraiment aveugle ? Elle a consulté dans ton cabinet ? Tu as réussi à déceler en elle les symptômes évidents d’une cécité installée, ou du moins d’une double cataracte sévère et irréversible ? Le mec qui place dans sa poche un «degdoug», un couteau à cran d’arrêt-de-vie en sortant le matin pour aller «parkinguer» n’est pas aveugle. Il a marché tête haute, voire goguenarde vers son poste de racket, s’y est planté au milieu d’autres «confrères» tout aussi «bons voyeurs» et œil de lynx que lui et tout autant surarmés. Et lorsqu’il plante son arme blanche ou lorsqu’il abat son gourdin, son piquet de parasol ou sa barre de fer sur sa victime, il sait exactement que là, ça fera bien plus de dégâts qu’ailleurs. Ah ! Il était sous psychotropes ? Barakat le social, s’il vous plaît ! Il avait les yeux grands ouverts lorsqu’il a acheté ses cachets chez son pote dealer, pas fermés ! Et surtout pas aveugles. Mais non bien sûr ! Ça ne fait pas bien de dire ça ! Parce que les cercles bien pensants ne vous accueilleront plus aux p'tits fours-champagne de 17h à Hydra ou à Sidi-Yaya si vous dites les choses aussi crument. Non, bien sûr ! Tout comme hier, il fallait trouver des excuses, des alibis sociaux aux tangos égorgeurs, aujourd’hui, il faut aussi absoudre la violence des parkingueurs et des parasoliers dans l’eau guimauve d’une société malade. Et ben non ! Et re-non ! Je ne vois pas pourquoi nos yeux à nous sont ouverts, bien ouverts, souffrent de voir comment ce bled part en sucette, mais obligent malgré tout les yeux de nos enfants à rester ouverts en permanence. Et à d’autres, on prête si généreusement cette capacité de devenir soudain-tout-à-coup frappés d’aveuglement. D’aveuglement disculpant ! Aveugle ? Aveugle Nennek ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
