Chez nous, lorsque le toubib te prescrit des antibiotiques, mange du poulet ! Mais modérément, les antibiotiques, ce n’est pas automatique et surtout, c’est…
… dangereux en surdosage !
Sbah el-kheïr ! Bonjour ma belle ! Oh ! Désolé de venir ainsi au pied de ta tour et de te réveiller sans ménagement. D’en bas, je t’ai chanté une sérénade. Mais visiblement, tu ne m’as pas entendu. Le sommeil lourd, ma belle, hein ? Comme je te comprends ! Cela fait si longtemps que je ne me suis pas aventuré au Donjon des Tentations Chaudes. Mais là, je n’en pouvais plus ! Transis d’amour pour toi, mais la gorge et l’estomac noués par la peur et l’appréhension, j’ai enfin sauté le pas et me voilà à tes pieds. Ouiii, ma belle aux yeux encore englués de «aâmach» et de toiles d’araignées par le long, très long assoupissement. Je ne sais quelle drogue malfaisante la vilaine sorcière t’a fait boire, mais il était puissant. Ma présence sera-t-elle plus puissante ? Arriverais-je à te réveiller complètement juste d’un souffle dans ta belle nuque blanche ? Une douce caresse sur tes flancs encore froids, glacés par endroits pourrait-elle dégivrer tes sens engourdis ? Je me pose toutes ces questions que se pose un amoureux fou, et craint la réponse. Et si tu ne voulais pas te réveiller ? Et si tu refusais d’ouvrir tes yeux incandescents qui me consument si délicieusement, jusqu’au plus profond de mon être, de mon corps, donnant à mon squelette une seconde jeunesse, comme trempé dans un bain de jouvence que tu m’aurais fait couler ? Oh, ma Belle ! Brûleras-tu enfin pour moi, comme je me brûles pour toi, comme je me consume littéralement ? Ou alors m’ignoreras-tu, restant de glace devant mes avances, certes osées après autant d’absence, mais tellement sincères ? Quels sacrifices dois-je faire pour satisfaire le moindre de tes désirs et te ramener à la vie et à moi ? Mon argent ? Ma fortune que je ne possède pas ? Ma déraison ? Mon cœur donné à calciner ? Tout ! Oui, je dis bien tout ! Je te donnerais tout et plus encore. Et par-dessus tout, je te donnerais des perles de pluie qui s’abattent dehors comme offrande. N’est-ce pas là le plus beau des présents que l’on puisse faire à sa… chaudière pour qu’elle redémarre ? Tu vois ? Je t’implore comme un pauvre hère en hypothermie. Redémarre ! Redémarre, ma belle aux calories tellement généreuses dans mon lointain souvenir. Redémarre, et ne m’oblige pas à redescendre bredouille du Donjon, réduit à l’ultime recours, l’infâme mais si nécessaire décision. Celle de te «partager» un moment avec le technicien en chauffage qui lui te fera redémarrer dare-dare, tout en carbonisant mon portemonnaie, me contraignant, comme à chaque fois, à noyer mon chagrin dans le thé que je fume pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue.
H. L.
