Réveil en sursaut après un cauchemar terrible : j’étais poursuivi par Mazouni qui brandissait une chanson sur le Hirak. Au bout d’une ruelle, une voiture s’arrête pile-poil devant moi, la portière côté passager s’ouvre et j’entends «Monte !». Au volant…
… Cheb Yazid !
Les premiers courriers spontanés me parviennent dans ma boîte et sur ma page Facebook. En rangs serrés ! La convocation de H’mimed par la justice fait réagir. On le comprend. Je comprends le buzz. Alors, bien sûr, les commentaires, vos commentaires ont une tonalité générale. Une tendance comme disent les statisticiens. En gros, l’expression qui revient le plus est celle-là : poudre aux yeux. Suivie par cette autre, cousine de sens : règlements de comptes entre clans. Je vais vous étonner, mais ce lundi, je ne vais pas entrer avec mes gros sabots dans ce débat-là, avec cette grosse artillerie. Pas encore. Après, peut-être. Ou pas, parce que l’actualité va vite ces dernières heures. Et mon petit doigt très sensible aux vents, même sans être mouillé, me dit à l’oreille (oui ! oui ! Je sais que c’est vilain de mettre son doigt dans son oreille) que les choses vont aller en s’accélérant encore et encore, au point de s’emballer. Mais bon ! Chaque chose en son temps. Alors ? Ouyahia face à un juge ? Dès que cette nouvelle m’est parvenue, mes pensées sont allées à un groupe de personnes. Des femmes et des hommes. D’âges et de sensibilités différents. Et comme mes pensées ont besoin d’une attache symbolique, une accroche, elles se sont focalisées sur une femme. Une dame. Madame Laouar, Fadhila Laouar, décédée en 1997, qu’elle repose en paix dans le sanctuaire des innocents assassinés. Elle, et tout un groupe de cadres de Sider mis en prison par la «justice» de H’mimed. Madame Laouar qui n’a pas eu droit à une réhabilitation, contrairement à ses compagnons de geôles. Pourquoi ? Parce que cette gestionnaire brillante, de l’avis de tous ceux qui l’ont connue, est morte en… prison, des suites d’un cancer. «Bel kounta», comme on dit chez moi, Si Ahmed. Alors, oui ! Je ne tomberais jamais dans le piège de la vengeance imbécile. Non ! Mais à l’heure où la justice vous convoque en ses bureaux, mes pensées, toutes mes pensées vont à Madame Laouar et à son calvaire, et sa fin au fond d’une cellule. Et à la réhabilitation de son nom jamais officiellement actée. Win trouh, ya… Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
