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Rubrique Régions

ACHEVÉ DEPUIS DES MOIS Le marché de gros de Bouchared toujours fermé

Le marché de gros de fruits et légumes, dont la construction a été entamée en 2012, est maintenant entièrement achevé. Il s'agit d'une structure commerciale de grande envergure qui a nécessité une enveloppe de 3,407 milliards selon les chiffres rendus publics. 
Conçu selon des normes modernes et doté des tous les équipements tout aussi modernes, ce marché fait partie d'un groupe de 8 autres marchés du genre à réaliser sur l'ensemble du territoire national.
Ce marché, qui a suscité l'attention de toutes les autorités locales et nationales, comprend 196 carreaux de 4 types différents selon la superficie qui varie de 43 m2 à 121 m2.
Les prix affichés pour les «pas de porte» sont de 2 millions de DA pour le plus petit de 43 m2 auquel s'ajoute un loyer de 25 000 DA/mois. Pour les carreaux de seconde catégorie, soit d'une superficie de 60 m2, le pas de porte est fixé à 2,5 millions de DA majoré d'un loyer s'élevant à 30 000 DA/mois. Pour la troisième catégorie de carreaux d'une superficie de 88 m2, le montant du pas de porte est de 3 millions de DA en plus d'un loyer mensuel de 40 000 DA. Enfin, pour la troisième catégorie, les carreaux les plus spacieux de 121 m2, l'adjudicataire doit s'acquitter de 4 millions de DA et d'un loyer mensuel de 50 000 DA.
Selon M. Abdelaziz Abdelkader, le directeur du marché, lors des premières séances d'adjudication qui ont commencé au début du mois de juillet dernier, on s'est beaucoup bousculé au portillon, cependant, par la suite, il y a eu un arrêt total de postulants, ce qui fait 4 mois après l'ouverture des sessions, à la fin de ce mois d'octobre, seuls 29 sur les 196 carreaux ont fait l'objet d'une adjudication, un coup d'arrêt brusque que le responsable n'arrive pas à expliquer.
Il dit avoir fait des concessions facilitatrices, à savoir une exonération de loyer pouvant aller jusqu'à 6 mois, des paiements de «pas de porte» échelonnés à 50% puis à deux fois 25%. On indique que toutes les mesures de facilitation, toutes les campagnes de sensibilisation et de publicité à travers les médias, via la radio locale, n'ont pas fait bouger les choses et le marché reste non opérationnel. Il a même été proposé la création d'un espace pour les transactions commerciales pour les petits producteurs en dehors des carreaux.
Toutes ces mesures n'ont à ce jour pas reçu d'écho auprès des producteurs et le marché reste désespérément vide alors que les frais de fonctionnement continuent à s'accumuler. Pour l'heure, on est très loin des promesses qu'on avait fait miroiter aux ministres qui se sont succédé pour visiter la structure tout au long de sa construction.
En effet, on avait spéculé que ce marché d'envergure régionale regroupant 5 wilayas allait approvisionner en fruits et légumes plus de 5 millions de consommateurs. Dans l'idée de rendre opérationnel ce marché, lors d'une émission radiophonique, il a été proposé la fermeture de tous les marchés de gros de fruits et légumes sauvages qui se tiennent dans les différentes communes et même que le wali aurait signé deux arrêtés dans ce sens, le premier portant sur la fermeture pure et simple de ces marchés, le second sur les horaires d'ouverture et de fermeture de la structure.
Pour l'heure, la décision d'interdiction de ces marchés n'a pas connu d'application. Selon nos sources, une telle décision (la fermeture des marchés des communes) serait, si elle venait à être appliquée dans l'immédiat, alors que le marché de gros de Bourached n'est pas encore opérationnel, lourde de conséquences improductives pouvant engendrer une grave crise dans les approvisionnements des populations et pouvant générer une sévère flambée des prix qui se doublerait d'une spéculation sauvage et effrénée sur les prix à la consommation qui ferait ce qui serait une aubaine des lobbys qui n'attendent que cela et, dit-on, c'est ce qui a donné à réfléchir aux autorités et les pousser à tempérer l'application d'une telle décision.
Pour en savoir plus sur les raisons qui font que les producteurs hésitent à s'impliquer dans ce marché, nous avons interrogé le président de la Chambre d’agriculture qui défend bec et ongles les agriculteurs.
Ce dernier, après moult réunions tenues avec les agriculteurs, a conclu que «la pierre d'achoppement à l'origine de cette crise est la question du prix du ‘’pas de porte’’ jugé exorbitant et inconsidéré alors que les futurs acquéreurs seraient intéressés si ce montant pourrait être considéré comme le dépôt d'une caution récupérable à la fin du contrat et non pas comme une somme avancée perdue même en cas de changement d'activité ou d'abandon».
A propos d'abandon d'ailleurs, selon le directeur du marché, de nombreux candidats à l'adjudication avaient avancé au titre d'arrhes 20 millions de centimes et ne se sont plus manifestés, découragés par le montant des mises à prix et par ce fameux pas de porte.
Par ailleurs, selon certains experts financiers, la façon de procéder de la part de la société Magros pourrait lui rapporter plus de 100 milliards de revenus par an, sans compter la location des structures annexes (bains-douches, restaurants, motels...). En somme, le coût de la réalisation de la structure serait amorti en 3 ans «sur notre dos et le dos des consommateurs», nous ont déclaré certains candidats à l'acquisition de ces carreaux qui ajoutent : «De ce fait, il ne s'agit pas là d'une structure à même de développer le marché des fruits et légumes au profit des uns et des autres, du consommateur en premier lieu, mais d'une affaire juteuse à réaliser par la société dite nationale pourtant.» Pour l'heure, c'est le «wait and see» (attendre et voir), attendre surtout qu'on revienne à des choix plus judicieux de la part des autorités compétentes et des promoteurs de ce marché.
Karim O.

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