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Rubrique Société

Nacéra Moumene, Directrice Générale de l'agence voyage du cœur : «Le Covid est un mal pour un bien pour le tourisme local»

Par Sarah Raymouche
Dans cet entretien, Nacéra Moumene, professionnelle du tourisme et directrice générale de l’agence voyage du cœur, décortique la situation de ses entités et l’impact de la pandémie sur le secteur. Elle analyse les opportunités offertes pour le développement du tourisme local.

Selon vous, quel est l’impact du Covid-19 sur le fonctionnement des agences de voyages et sur le secteur du tourisme en général ?
Le Covid-19 a mis à mal l’équilibre économique de plusieurs pays y compris l’Algérie. Cela a eu des impacts dévastateurs et très visibles sur tous les métiers liés aux services.
La restauration, le transport sont, entre autres, des secteurs qui ont été lourdement touchés. Mais, pour le secteur du tourisme, je peux dire, sans me tromper, que c’est un vrai désastre dans le monde et en Algérie.
Tous les pays qui ont une économie basée sur le tourisme ont connu une chute libre de leur rendement. En fait, c'est le secteur le plus impacté.
Pour ce qui est des agences de voyages en Algérie, 90% d’entre elles ont dû fermer leurs portes. De ce fait, l’impact est très visible.
Toutes ont dû déclarer faillite. Et celles qui sont toujours en activité ont investi dans le tourisme local.

L’année dernière, il y a eu quelques formules développées pour le tourisme local, y a-t-il eu un intérêt de la part des consommateurs algériens ? Est- ce que cela a pu sauver plus ou moins la saison ?
Je ne peux pas dire que cela a été pensé et réfléchi en considérant les circonstances du confinement. Ce qui est certain, c’est que les personnes qui ont l’habitude de partir en vacances ont dû «se rabattre» sur ce qui est disponible sur le marché algérien. En somme, certainement le Covid-19 a obligé le citoyen algérien à consommer local et à connaître les multiples facettes touristiques de l'Algérie.
En tant que professionnelle, je considère que c'est l'occasion pour les agences de voyages de présenter le produit algérien et de séduire le client avec différentes offres de tourisme interne.

Pour cette année, en considérant l’ouverture partielle des frontières, quelle tendance sera suivie par les touristes algériens ?
Il faudrait contextualiser ce fait. L'ouverture partielle des frontières n'apporte rien de nouveau sur le plan touristique et commercial.
Les ventes des billets ont été données exclusivement à Air Algérie
Et même si des agences de voyages font le pari d’en vendre, cela serait excessivement cher pour le citoyen algérien. Ce dernier, à tire d’exemple, ne peut pas se permettre d’acheter un billet avec la Turkish Airlines pour Istanbul pour un montant de 160 000 DA y compris les jours de confinement.
Ainsi, pour répondre à votre question, selon nos statistiques et suivant la demande des Algériens, la tendance, pour la deuxième année consécutive, restera dans la consommation du tourisme local. Ils n’ont pas les moyens et ne veulent pas prendre de risques.

Comment estimez-vous les offres existant sur le marché local ?
En tant que directrice générale d’une agence de voyages, qui a toujours activé dans le local, je dirais que cela répond à une demande d’un consommateur moyen. Mes offres comprennent des hôtels étatiques du Groupe HTT. Ce sont des hôtels qui, majoritairement, appliquent des tarifs à la portée de tout le monde.
A titre d’exemple, le complexe les Andalouses à Oran, El Mountazah de Annaba, les Zianides de Tlemcen ou tout simplement le Riad de Sidi-Fredj. Le prix de location de la chambre ne dépasse pas 9 000 DA en demi-pension pour deux personnes.
J’estime que ce sont des tarifs très raisonnables.
A ce titre, je remercie vivement le Groupe qui fait des efforts considérables et aussi les directeurs de ces unités qui présentent des prestations dans les normes.
Par contre, dans certains hôtels privés, les tarifs sont trop chers et ne sont pas du tout à la portée de tout le monde.
De ce fait, la demande s’oriente naturellement vers la location des appartements et des biens auprès des particuliers.
A ce stade, je dirais que le souci des hôtels publics est qu’il y a un manque flagrant de places.
L'État devrait investir davantage pour pouvoir absorber la grande demande insatisfaite.
Ainsi, le peu d'agences qui ont pu offrir et concevoir des offres et des produits locaux l’ont fait pour une courte durée. Ceci à cause de la cherté des locations et du transport. Ces agences sont ainsi dans l’incapacité de présenter des produits au-delà de 5 nuitées.

Peut-on considérer que le Covid-19 est un mal pour un bien pour booster le tourisme local ?
Oui, en quelque sorte. Grâce au Covid-19, beaucoup d’Algériens et d’Algériennes ont pu visiter leur pays. J'ai eu des clients qui sont partis au Sud pour la première fois. Ils étaient émerveillés par la beauté des sites et du désert.
Ils ont déclaré que n'était la pandémie, ils n’auraient jamais connu la beauté de notre pays. Et si l'État reste dans cet élan, le tourisme local fera un grand pas et sera développé pour satisfaire la clientèle algérienne en améliorant les prestations. Reste que c'est une équation difficile.

Quels sont les axes stratégiques à développer pour que le tourisme local puisse être capteur de touristes d’une manière pérenne ?
Avant tout, il faut rester réaliste, si les frontières seront ouvertes, le tourisme international reprendra avec force.
De ce fait, l’état devrait saisir cette opportunité et investir davantage dans des hôtels et la formation des ressources humaines pour une meilleure prestation.
Il faudrait aussi réguler le marché touristique et supprimer l'anarchie qui règne dans le secteur.
En parallèle, il est nécessaire de réguler aussi et surtout les tarifs des transports pour que l’Algérien puisse se déplacer à l'intérieur du pays en sécurité et à moindre coût.

Un dernier mot…
Nous vivons dans un très beau pays avec un potentiel gigantesque grâce à toute la diversité qu’il recèle. Mais cela reste très insuffisant pour en faire une destination privilégiée et de choix.
Tout en ayant cité des axes à renforcer plus haut, il est important que l’État associe la technicité des professionnels à des stratégies. Et surtout, aide les investisseurs algériens dans leur démarche entrepreneuriale.
Et, bien sûr, pour que le tourisme local soit attractif, il faudrait que les gens du voyage aient une passion pour le tourisme local, et qu’ils ne le considèrent pas comme du business.
S. R.
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