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Rubrique Société

Histoire Les enfumades du Dahra toujours présentes dans les mémoires

Dans les annales du colonialisme, il y a cette date 18-20 juin 1845, mais il y a aussi l’avant et l’après 8 Mai 1945 où l’armée coloniale a perpétré des massacres en Algérie et ailleurs.
Ces enfumades se sont déroulées entre le 18 et le 20 juin de l’année 1845 dont se sont rendus coupables les sinistres Cavaignac, Pélissier, Saint Arnaud et Canrobert. 
Les enfumades du Dahra se lisent à travers 4 documents : le rapport de Pélissier, la lettre du soldat français puis celle d’un soldat espagnol et le rapport de Bugeaud. Les colonisateurs ont gardé secret de rapports militaires contenant des informations accablantes sur le déroulement des faits, parmi lesquels celles de Saint-Arnaud où il donne quelques détails troublants sur le massacre du Dahra. Ceux-ci corroborent de manière incontestable la préméditation de l’acte. Le 18 juin 1845, Saint-Arnaud est en opération chez les Ouled Younès. Dans la nuit du 19 au 20 juin, alors qu’il est dans son campement du côté de Aïn-Merane (Chlef), « le bruit des fougasses (mine explosive) se fait entendre à trente lieues à la ronde, Saint-Arnaud en conclut : « C’est le colonel Pélissier qui travaille les cavernes et les grottes des Ouled Riah .» Et d’ajouter : « Ces pauvres Arabes sont traqués partout et ne savent plus où se réfugier .» La lettre qu’il adresse le même jour au commandant Tripier donne la même information. Une autre lettre est adressée au colonel Pélissier. Il y évoque encore une fois les bruits de canon et de pétards dans les grottes des Ouled  Riah. Ce n’est que le 26 juin que la population indigène de la région apprend la tragédie des grottes des Ouled Frachich.  Et  c’est Pélissier en personne qui  raconte à Saint-Arnaud  ce carnage et celui-ci s’empresse d’informer ses officiers : «Le colonel Pélissier, après avoir fait périr dans les cavernes de Ouled Riah plus de 1 010 personnes de tout âge et autant de bêtes de cheptel, a reçu la soumission de tous les habitants du Dahra.» Usant de la même rhétorique développée par Bugeaud et le président du Conseil Soult, Saint-Arnaud, sans minimiser l’ampleur de la tuerie, en fait supporter la responsabilité à l’intransigeance des victimes elles-mêmes. Il aurait dit : « Ces tribus auraient, par leur obstination, contraint Pélissier à recourir à cette dernière extrémité, autrement dit : elles ont choisi de mourir par l’asphyxie » ! Ce discours destiné à l’opinion métropolitaine vise un double objectif : faire porter la responsabilité des violences aux victimes et de souligner le sacrifice demandé à l’armée obligée de faire le « sale boulot » pour défendre la France. Cet aspect du discours auto-justificateur revient très souvent dans la rhétorique guerrière des chefs militaires. Cela  suppose également que les officiers fussent parfaitement instruits des procédés à utiliser au cas où les tribus venaient à se réfugier dans leurs grottes. Si tel était le cas, tous les écrits sur la légitime défense évoquée par Pélissier et Bugeaud sont calomnieux. C’était un acte parfaitement prémédité, organisé et mis en œuvre dans le but de faire le plus possible de  morts. Non seulement Pélissier a fait venir avec lui des fascines mais il aurait entretenu le feu pour asphyxier les réfugiés, et en plus, il a usé des  mines pour provoquer des éboulements destinés à empêcher les réfugiés de sortir vivants des cavernes. Ces détonations se poursuivront jusque dans la matinée du 20 juin, c'est-à-dire 48 heures après le début de l’enfumade. Et ce ne sera pas le dernier crime. A Aïn-Merane, entre les 8 et 11 août 1845, Saint-Arnaud fait enfumer les Sbehas, un énième massacre prémédité. A la différence de Pélissier, Saint-Arnaud se veut se surpasser en cruauté. Sur ces massacres de la tribu des Ouled Riah , F. Gautier a écrit : « Dans ces horreurs orientales, les victimes ont une part de responsabilité ; c’est leur propre férocité qui est contagieuse, une sorte de typhus moral, contre lequel le vainqueur ne se protège pas.» Les enfumades du Dahra sont une séquence la plus tragique et la plus emblématique des violences coloniales dont ont été victimes des populations désarmées. En ce même mois de juin 1845, dans la Kabylie, les Beni Maâtkas (1851) et les ArbTaskift (1861) subissent quasiment les mêmes sorts.
A. Bensadok

 

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