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Rubrique Société

BLIDA Le douar de Sidi Moussa, un haut lieu touristique à l’abandon

Ô Sidi Moussa tes montagnes m’ont épuisé
La chaleur de l’après-midi me permettra-elle d’y arriver ?
Ô cascade déverse tes chutes de ton plus haut point  
Celui qui boit de ton eau sera guéri de son mal.
C’est avec ces paroles que les visiteurs, en quête d’une ziara au mausolée de Sidi Moussa, chantaient, lorsqu’ils arpentaient la route sinueuse et parfois raide  du flanc montagneux qui mène à la clairière où est enterré le saint homme Sidi Moussa Benaceur, à 600 mètres d’altitude. Chemin faisant, la chanson Ya Sidi Moussa djbelek kadouni était fredonnée à l’unisson sur une mélodie bien rythmée. C’était une façon de faire pour oublier la fatigue du trajet parcouru à pied ou à dos de mule sur une distance de 10 kilomètres à partir de Ouled-Yaïch, commune située à 4 kilomètres au nord-est de Blida.
Néanmoins, la villégiature en valait la peine surtout lorsqu’on arrive aux abords des chutes d’eau que les anciens nommaient selon les caractéristiques de chacune d’elles. Cherchar el Ghoula (la cascade de l’ogresse) ou cherchar el Keskas (la cascade du tamis) étaient les plus prisés des visiteurs qui y venaient se délasser sous la fraîcheur de leurs eaux bien frisquettes avant d’aller se recueillir sur la sépulture du marabout qui y dort de son éternel sommeil. C’est de Sidi Moussa Benaceur qu’il s’agit. 
L’homme aux multiples prodiges  serait venu d’Andalousie et plus exactement de la ville d’Oliva après que les morisques furent chassés au XVIe siècle à la suite de la Reconquista espagnole. L’on dit que Sidi Moussa aurait choisi cet endroit cher à la tribu des Béni Misra uniquement pour y être enterré car lorsqu’il arriva en Afrique du Nord, il avait, en premier lieu, jeté son dévolu sur le lieudit Tazerdjount, dans le pays des Béni Salah, sur les hauteurs de l’actuelle Sidi Driouech.  
En considération de son immense savoir dans les sciences de l’Islam et son volet mystique, les Béni Salah l’accueillirent avec la vénération qui lui seyait. Ils lui donnèrent même en mariage une de leurs filles, la charmante Zeyneb, de la fraction des Ferdjouni. Et lui, en savant pétri de connaissances coraniques et en cheikh de grande envergure spirituelle, il ne laissa rien par devers lui pour transmettre à leurs enfants l’éducation qu’il jugeait nécessaire. 
Ainsi, une zaouïa fut construite et le savoir commença à s’installer progressivement chez les Beni Salah qui lui vouèrent, en échange, respect et considération. Ceci dura à peu près trois décennies jusqu’à ce que ses enfants deviennent des hommes notamment l’aîné qui hérita de son père la science ésotérique de l’islam, celle-là même qui lui conféra la réalisation de la vérité divine. C’est Sidi El Fodhil, un autre saint de l’Islam, qui, lui également, s’est vu construire post-mortem un mausolée digne de sa haute réalisation spirituelle.
Mais c’est à l’endroit où est enterré le père de celui-ci et qu’on continue à appeler Sidi Moussa que les visiteurs allaient en grand nombre pour y rester des dizaines de jours, voire même plus. La visite des lieux ne s’est arrêtée qu’au début des années 1990. C’était surtout durant les vacances d’été que Sidi Moussa était rempli de monde. Et le lieu méritait la peine du déplacement d’autant que le calme et la fraîcheur constituent le cachet particulier de cet emplacement pour lequel des soirées musicales y étaient animées. 
Des artistes de chant chaâbi et leurs orchestres à l’image de celui de Mohamed Marocaine, El Hadj M’hamed Bourahla, Ali El Houati, Rachid Nouni, Mohamed El Halouadji et d’autres amateurs y allaient très souvent pour chanter des qacidate à la gloire de Sidi Moussa. 
Les habitués du lieu se souviennent parfaitement de la chanson Dkhil ya errekb elghadi â’azem bezzahw wel hna metbachar (Je vous en supplie ô voyageurs qui prenaient la route, allez-y vite car la gaîté et la sérénité vous attendent), une poésie écrite en 1854 par Mohamed Bensmaïl et qui a pour refrain ‘ârî ‘alik ya Benaceur (supporte ma honte ô Benaceur). 
Les femmes accompagnant leurs époux  s’asseyaient derrière des rideaux accrochés pour la circonstance pour fuser des youyous comme pour ajouter au charme champêtre cette gaîté inouïe et que le firmament bien étoilé orne le décore de ces soirées chantantes. Les enfants, quant à eux, on les voyait jouer à leur jeu préféré, celui de cache-cache sous les regards attentifs de leurs parents qui ne s’empêchaient pas de savourer le délice de ces nuits enchanteresses. 
En dégustant leur thé à la menthe fraîchement cueillie dans la plaine de la Mitidja, ils suivent fidèlement les paroles chantées à l’occasion. Ce fut un bonheur et une délectation qui, malheureusement, ont disparu aujourd’hui. Il n’en reste que ruine et désolation. Un véritable douar fantôme, maintenant totalement abandonné. 
Le mausolée de Sidi Moussa Benaceur s’est partiellement effondré et le reste des habitations sont dans un état de délabrement que les yeux pleurent d’affliction. 
Les nostalgiques y vont de temps à autre pour les besoins des souvenances heureuses mais ils reviennent le cœur brisé. Qui aurait dit qu’un jour l’attrayant tertre de Sidi Moussa et son charmant village connaitraient un tel sort ? Comme l’histoire est avant tout grandeur et décadence, ce merveilleux site est en proie au désespoir. Toutefois, il ne perd aucunement l’espoir de se voir un jour ressusciter de ses poussières, tel un phénix qui renaît de ses cendres.
M. Belarbi

 

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