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Rubrique Société

Sport scolaire Une réalité de terrain qui fait mal

Par Sarah Raymouche

En cette fin de premier trimestre, les enseignants du primaire ont observé un mouvement de protestation. Ils réclament la révision du statut particulier, avec un reclassement des maîtres du primaire au même grade que les enseignants du secondaire et du moyen, la retraite anticipée, une révision du volume horaire et demandent également à être déchargés des activités parascolaires, comme la surveillance pendant la récréation, la gestion de la cantine ainsi que l’activité sportive. Eh oui ! L’activité sportive est gérée par des enseignants qui ne connaissent rien en la particularité de l’éducation physique. Et tout commence par là pour s’acheminer vers le désastre du sport scolaire qu’on connaît.
En théorie, les élèves du primaire doivent suivre deux heures d’activités sportives et physiques par semaine. Soit ! En réalité, il s’agit de la cour de récréation, sans tracé, sans stade, sans espaces pour faire quelques pas et jouer. Un personnel encadrant qui fait avec les moyens du bord. «Si l’enseignant est volontaire, il apportera un ballon de football et de basket et constituera des équipes. Sinon, les élèves jouent durant ces deux heures et c’est considéré comme une activité physique», relève un directeur. Et d’ajouter avec un haussement d’épaules : «C’est mieux que rien. Pendant des années, cela était considéré comme des heures de rattrapage par les enseignants.» Il y a des enseignants qui essayent d’établir un authentique programme. C’est le cas de Ratiba M : «J’adore mon métier et j’essaye de l’accomplir du mieux que je peux. Je regarde sur internet quelques exercices qui ne sont pas dangereux et j’essaye de composer avec. J’ai une collègue qui essaye de constituer des équipes avec de vrais maillots pour leur faire aimer le sport. Vous savez, je pense qu’il n’y a qu’un tiers des élèves qui sont inscrits dans des activités sportives comme le judo ou le football. Et comme nous avons conscience de son importance, nous essayons de gérer au mieux cette activité en attendant une véritable réforme et le recrutement de professionnels.»
A ce sujet, Ramdane Messahel, de l’Institut de l’éducation physique et sportive (EPS) de l’Université d’Alger 3, a écrit dans son étude : «L’EPS et sport scolaire algérien à travers les institutions et la réalité socioculturelle» que «même si les disciplines sportives sont variées et le nombre de pratiquants assez important, le mouvement sportif national souffre, vu qu'il ne bénéficie pas de la place qu'il devrait occuper. Les spécialistes du sport affirment que la phase la plus propice de la vie sportive de l'individu se situe pendant la scolarisation de l'enfant à partir de 5-6 ans. Or, nous nous sommes rendus à l'évidence que l'EPS et le sport scolaire n'ont pas leur place au sein de l'école algérienne. »

Une dépréciation du sport en milieu scolaire
«Avant, il y avait des compétitions inter-écoles dans l’athlétisme et la gymnastique ou encore des tournois de football et de basket. Maintenant, il n’y a rien du tout. Chaque parent essaye de faire son budget et le temps qu’il peut consacrer au sport. Ce qui n’est pas évident avec le volume horaire scolaire et, dans plusieurs cas, les cours supplémentaires. Si l’établissement gérait bien les choses, nous ne serions pas obligés de courir tout le temps et stresser nos enfants», résume un papa. Boubeker Yahiaoui, dans son essai d’analyse intitulé «L'éducation physique et sportive scolaire en Algérie», abonde dans le même sens. Il note : «Le problème qui se pose à nous dans cet essai d'analyse est que l'éducation physique et sportive (par abréviation EPS) reste toujours marginalisée à l'école algérienne. Alors que les activités physiques sont considérées dans le monde comme un moyen fondamental d'amélioration de la santé et de l'éducation, plus particulièrement des jeunes, en Algérie, l'EPS et le sport scolaire ont régressé : 2x45mn hebdomadaires d'enseignement très peu assurées à l'école primaire, 2 heures par semaine dans les enseignements moyen et secondaire, participation faible, surtout des filles, aux compétitions sportives scolaires…»

Une loi sans concrétisation sur le terrain
Pourtant, les textes juridiques pour encourager la pratique sportive existent, si l’en on juge de la place importante qui leur est réservée dans la loi 04-10 du 14 août 2004 où un chapitre entier leur est consacré. «L’EPS et le sport scolaire représentent le fer de lance de toute politique de promotion et de généralisation de la pratique sportive hors du cadre scolaire. Pour cela, il faut les redynamiser, les relancer en sensibilisant, d'une part, toute la population et les partenaires sociaux concernées (administrateurs, enseignants, apprenants, parents, etc.) et d'autre part, revoir les instructions officielles (lois, ordonnances et décrets) de l'EPS et du sport scolaire à travers ses différentes institutions pour les adapter à l'environnement socioculturel algérien. Et ce, dans l'intérêt de nos enfants, du mouvement sportif national et de notre pays», note M. Ramdane Messahel.
Pourtant, des solutions existent pour remédier à cette situation. Boubeker Yahiaoui conclut son essai : «Les solutions (et les moyens) existent pourtant pour parer à toutes ces difficultés et entraves. Parlant de ‘’moyens’’, nous pensons surtout aux ressources humaines à valoriser. L'Algérie forme en effet des éducateurs sportifs dans une vingtaine d'universités et une dizaine d'instituts spécialisés, et exporte des entraîneurs et des enseignants d'EPS, alors que ses enfants restent mal encadrés ! La formation de l'encadrement, satisfaisante au plan quantitatif, doit être revue et améliorée à tous les niveaux de compétences (techniciens du sport, enseignants de tous grades, entraîneurs, formateurs et enseignants universitaires…). Mais ne faut-il pas d'abord plus de clarté et de consensus dans les objectifs poursuivis ? Le secteur de la jeunesse et des sports vise la performance à travers les classes sports-études et délaisse le sport scolaire en tant que moyen d'animation des milieux éducatifs, tel que le définissent les responsables de la FASS. Le secteur de l'éducation nationale reste encore timoré dans son engagement, et la Fonction publique tarde à ouvrir des postes d'enseignement et d'entraînement réels à l'école primaire, ce qui est une nécessité si l'on veut progresser aussi bien dans l'éducation des jeunes générations que dans la performance.»
S. R.

 

 

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