A la bonne heure ! l’Algérie exporte enfin

Peu importe que ce ne soient que nos œufs qui sortent de l’anonymat. Sûr que ce n’est pas comme si on exportait des produits plus nobles et plus rentables, mais bon ! Il fallait bien commencer par quelque chose, histoire de contredire les mauvaises langues qui confient à qui veut les entendre que nous sommes incapables de vendre quoi que ce soit de notre production nationale, puisque, de toute façon, nous ne produisons rien. 
Il fut un temps où l’on disait à propos de l’Algérie qu’elle nourrissait, en blé, par exemple, un continent comme l’Europe. Que s’est-il passé depuis ? Une indépendance et surtout une incitation à ne pas trop se fouler la rate. Le pays riche dont nous venions de reconquérir la souveraineté  à coups de sacrifices humains très lourds avait les moyens de subvenir aux besoins des survivants que nous étions. 
En Algérie, on a peu à peu délaissé la terre jusqu’à ne plus vouloir du tout en entendre parler. Ce n’est pas comme si on aimait travailler grand-chose ou même travailler tout court, mais tout de même ! 
Quand on pense qu’à une époque, l’Algérie exportait des agrumes, on se demande ce qui a bien pu se passer pour détourner les paysans de leur principale raison de vivre. Planter ou ramasser des pommes de terre ? Pas question ! Vendre des cacahuètes ou s’improviser gardien de parking, c’est moins fatigant et parfois bien plus rentable. Du coup, lorsque le ministre de l’Agriculture a annoncé que l’on allait bientôt pouvoir  vendre nos œufs à l’étranger, on en a conclu qu’à défaut de consommer des fruits et des légumes à des prix abordables, on pourrait tromper sa faim et combler raisonnablement le déficit budgétaire du pays grâce à tous les œufs en passe de grossir les futurs rangs de nos exportations hors hydrocarbures. 
La grande victoire consisterait à réparer les erreurs du passé en convaincant les Algériens qui boudent le travail de la terre à retourner y puiser ce dont ils pourraient bien être privés un de ces quatre ! Des centaines de milliers d’emplois dans un secteur  en mal de main-d’œuvre  ne trouvent pas preneur ! Remettre au travail tout un pays ? Vaste question pour un vaste problème ! 
M. B.