Il y a deux jours, la rue a chanté un nouveau slogan ! En alternance avec ce qui fleurit au fil des jours, un «Allahou Akbar» pour se donner du courage et un «Karim Tabbou» pour exiger la libération du militant politique ! On aura tout testé sur des Algériens de moins en moins enclins à l’écoute. De la démission de Bouteflika à la mise sous les verrous d’un groupe d’hommes d’affaires responsables, (sauf que beaucoup jouissent encore de leur liberté) de la ruine du pays, jusqu’à ces stupéfiantes arrestations de citoyens qui rêvent de vivre dans une République qui ne complote pas contre leurs aspirations. Des emprisonnements dont on finit par ne plus comprendre la cohérence ou l’utilité. Sinon, que veut dire l’accusation selon laquelle un individu, à lui seul, peut porter atteinte au moral des troupes ? Les dizaines de milliers de soldats qui constituent l’armée algérienne seraient-ils si fragiles que cela ? Parce que dans ce cas, il y aurait de quoi sérieusement s’inquiéter. Les réseaux sociaux qui se sont emparés de l’affaire en font des gorges chaudes et s’en amusent de nouveau. Parce que ce n’est pas la première fois que l’on accuse une personnalité de déstabiliser nos troupes.
Le moudjahid Lakhdar Bouregraâ, lui aussi, croupit en prison pour, exactement, la même raison. Entendons- nous bien ! Nous parlons là de soldats censés défendre un pays et un peuple contre toute agression extérieure.
De soldats engagés à protéger ces derniers contre tout ennemi qui viserait leur intégrité. Du coup, bon nombre d’Algériens, ceux qui, par ailleurs, disent ne pas vouloir d’élections improvisées ou organisées à la va-vite, s’interrogent sérieusement sur ce qui se passerait en coulisses. Parce que, loin de rassurer les populations, les raisons qui auraient conduit Karim Tabbou en prison, selon la justice de Koléa, ont remis une couche sur le sentiment d’insécurité qui a conduit, entre autres, au Hirak !
Quelqu’un me disait, hier, combien certaines interventions portaient plutôt atteinte à la fierté de cette même armée qui préfèrerait, sans doute, que l’on renvoie d’elle une image de sang-froid, de bravoure et de courage !
M. B.
