Vous aurez beau tenter d’attirer l’attention d’élus locaux sur leur gestion minimaliste de la capitale, leur dire qu’elle est loin de répondre aux normes touristiques et aux exigences citoyennes, ce sera peine perdue.
A l’époque où Bouteflika régnait encore sur le pays, un lecteur m’avait fait un message à ce propos. Je l’ai mis de côté pour le partager en temps opportun. En voici quelques passages:
«J’ai bien peur que la destination ‘‘Alger’’ devienne une étape pour des touristes d’un autre genre qui viendront en pèlerinage sur le site du mégaprojet qui couronnera bientôt un règne sans fin.
Vous évoquez ‘‘le beau bâti’’ historique laissé à l’abandon. Savez-vous que certains, sans sourciller, proposent de démolir le Palais du dey au lieu de le restaurer ? Alors, pourquoi ne pas démolir La Casbah, tous les immeubles haussmanniens de nos villes, la Cathédrale d’Alger, la Grande-Poste… ? J’ai personnellement été troublé, il y a quelques années, lors d'une visite, en famille, du fort de Santa Cruz à Oran, par le commentaire d’un garçon de 16 ans qui nous accompagnait. Ce jeune convaincu proposait tout simplement que tous les édifices sans lien avec notre religion soient démolis. Rien que ça ! Imaginez ma colère ! Je lui ai fait la morale, pour la forme, avec la certitude de n’avoir aucunement modifié sa façon de voir les choses. Oui, effectivement, le tourisme ne se résume pas au nombre de lits disponibles.
Le tourisme est une activité économique, un savoir-faire, un savoir-vivre, une exigence, un état d’esprit, une mentalité, une hospitalité, une disponibilité... C’est également une ouverture et une acceptation de l’autre dans sa culture, sans pour cela renier la sienne.
Des qualités inconnues chez nous aujourd’hui ! Nous sommes bien loin des standards internationaux, tant dans le bâti que dans l’état d’esprit, sans parler des travers que vous évoquez souvent (hygiène, insalubrité, odeur d’urine, crachats…). Que dire de notre riche patrimoine qui pourrait être mieux mis en valeur ? Le maquis nous a enseigné l'art du camouflage, alors on badigeonne de quelques couches de peinture pour réveiller les splendeurs et la fierté d'Alger la Blanche.»
M. B.
