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Rubrique Soit dit en passant

Tempêtes au féminin

C’est un ouragan, mais il porte un nom de femme. L’ouragan Florence. Il a fait des ravages dans le sud des Etats-Unis. Des morts, des blessés, des dégâts matériels, état d’urgence et déplacements de populations de la côte atlantique vers des atmosphères plus clémentes. Il y en a beaucoup des comme celui-là ! A chaque fois que l’on en annonce un quelque part, j’ai la déplaisante sensation d’être complice d’une abominable situation. J’ignore à quel genre appartient le typhon Mangkhut, mais pourquoi ne pas l’accréditer de quelque féminité puisqu’il a dévasté Hong Kong ? Pendant plus d’un quart de siècle, les tempêtes qui ont frappé la planète ont été affublées d’un prénom de femme. Celles qui portaient des prénoms autres avaient été débaptisées au profit des Sandy, Katrina, Irma…,  jusqu’à la fin des années 70. Les contestations du mouvement féministe auront fini par triompher de la méchante tendance à toujours vouloir déprécier les femmes en leur imputant, sans avoir l’air d’y toucher, la responsabilité des désastres causés par les bouleversements climatiques.   
On a d’abord affirmé, dans un cynisme coordonné, qu’une tempête portant un prénom féminin ravalerait sa colère. Lorsque l’on a admis que la démarche incohérente défiait et la biologie et la naïveté de professionnels censés montrer plus de raison scientifique, on a changé d’avis. Ce n’était plus avec la délicatesse féminine que la climatologie  devrait compter, mais avec les violents changements d’humeur d’un sexe pourtant estampillé «faible» par la misogynie ambiante. La contradiction ne gênant pas le raisonnement de météorologues en panne d’inspiration, les femmes devenaient  biologiquement programmées pour nuire. Ce qui légitimait une fois de plus, encore une, l’agressivité des hommes à leur égard.  Comment ne pas maudire Florence face aux caprices meurtriers de la nature ?  
D’aucuns pourraient en conclure  que j’abuse et que pointer du doigt tout ce qui diabolise le monde féminin ne lui rendra pas pour autant justice. Peut-être ! Sauf que cesser de dénoncer le sort inqualifiable fait à ce dernier ne restituera pas plus de droits à la cause des Florence.
M. B. 

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