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Rubrique Sports

Les nouvelles technologies de plus en plus sollicitées par les grosses écuries Le football assisté par les données creuse de nouvelles inégalités

Utiliser les données pour améliorer la prise de décision dans le football permet théoriquement de donner une chance à de plus petites équipes, moins bien dotées financièrement mais plus «malines». Dans les faits, la puissance de la «data» bénéficie surtout aux grosses écuries.

«Rendre les meilleurs encore meilleurs»
Ca ne va pas faire plaisir à Brad Pitt : l'acteur américain jouait le premier rôle du film de référence sur la place des datas dans le sport, «Moneyball». Et dans «Le Stratège», le titre français du film de Bennett Miller sorti en 2011, c'est une faible équipe de baseball qui devient «successful» en systématisant le recours à la «data dans le recrutement comme à l'entraînement. Or, dans les faits, c'est surtout aux grosses écuries que profitent ces données. «L'analyse de données serait plus utile aux petites équipes, mais elle est davantage utilisée par les plus gros et plus riches clubs et fédérations», explique à l'AFP Christopher Anderson, professeur d'économie politique à l'University de Warwick et auteur d'un livre de référence sur les datas dans le foot, «The Numbers Game». «En un sens, cela rend les meilleurs encore meilleurs, avec tout le monde qui tente de les rattraper». Deux raisons à cela: d'abord parce que la collecte et l'analyse de données coûtent cher aux clubs, qu'ils soient dotés d'une structure maison ou qu'ils l'externalisent. En 2012, Arsenal avait par exemple déboursé 4 millions de dollars, selon le New York Times, pour acheter une société de données, StatDNA. Ensuite parce que les clubs les plus riches, et les plus prestigieux, peuvent attirer les meilleurs spécialistes disponibles sur le marché. C'est l'exemple de la star du scouting allemand, Sven Mislintat, qui a fini par quitter le Borussia Dortmund pour rallier la riche Premier League et le puissant club d'Arsenal.

«Cela augmente la concurrence»
Les clubs pouvant s'appuyer sur de confortables revenus, au premier rang desquels les Britanniques jouissant de la manne des droits TV ont aussi eu les liquidités disponibles pour investir dès les débuts du «data». Tandis que les clubs au budget structurellement moins bénéficiaire, comme certains clubs français par exemple, n'avaient pas forcément les moyens pour suivre le mouvement... D'où un retard croissant entre les cadors et ceux qui les suivent. «La France a un atout majeur à jouer dans l'utilisation des données et des nouvelles technologies», plaide auprès de l'AFP Grégory Dupont, le «monsieur datas» de l'équipe de France. «Certaines structures sont effectivement en retard, mais aujourd'hui, ceux qui ont compris l'intérêt de cette approche globale mettent en place des démarches rationnelles et sont à l'affût de toutes les opportunités possibles avec ces technologies». Ces déséquilibres financiers n'empêchent pas les «petits» de se montrer ingénieux. «Tous ces systèmes permettent à tout le monde de regarder tout le monde, partout dans le monde», expliquait fin décembre à l'AFP Francesco Vallone, coordinateur du scouting au sein de la direction sportive de l'AS Rome. «Cela augmente la concurrence et c'est pour ça qu'il faut avoir la meilleure organisation possible pour arriver le premier. Pour le reste, et comme dans tous les domaines, c'est le savoir-faire qui fait la différence entre les clubs.»

Un seul fournisseur au Mondial
Cela vaut aussi à l'échelle de la Coupe du monde. Pour la première fois en Russie, toutes les sélections auront accès aux données de match en temps quasi réel. «Le logiciel et l'infrastructure mis en place par la Fifa pour le Mondial-2018 permet à toutes les équipes une connexion stable et sécurisée entre les analystes basés dans les tribunes, et le staff technique sur le banc de touche», explique à l'AFP un porte-parole de l'instance. C'est la technologie Tracab, qui collecte les données via des caméras, qui a été retenue. «Chaque équipe qui souhaite utiliser ce système aura exactement la même capacité à collecter des données statistiques et visuelles pour documenter les décisions pendant les matchs», observe cette même source. Limitant théoriquement les avantages des sélections les plus avancées en la matière... Même si celles-ci se sont bien souvent attaché les services des meilleurs spécialistes en la matière.

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