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Reportage : Conditions d’accueil dans les hôtels Le confinement, «une expérience humaine, pas une opération commerciale»

La phase de confinement obligatoire, point cardinal du pack sanitaire imposé aux ressortissants nationaux en provenance de l’étranger, à la veille de la réouverture partielle des frontières, est marquée par une propagande sans précédent sur les réseaux sociaux.
Cette opération est assurée par le parc hôtelier public avec le concours de certains établissements privés. Visite à quelques établissements de la capitale ayant participé activement, de jour comme de nuit, à une opération complexe et aux multiples facettes.
Samedi 26 juin : un cadre du groupe HTT, joint au téléphone, était visiblement débordé, affairé çà et là à assumer la tâche de coordination à tous les niveaux, en sus de la supervision de l’installation de groupes dans les différents établissements de la capitale, notamment le Mazafran avec sa grande capacité d’accueil.

«Le confinement, une expérience humaine, mais…»
«Ceux qui font des commentaires sur les réseaux sociaux ont toujours raison. C’est nous qui avons tort», dit-il avec une note d’ironie sur les divers commentaires qui foisonnent sur les réseaux sociaux. « On a reçu des étrangers dont des Suisses et des Américains qui sont repartis satisfaits. Il n’y a que nous Algériens qui sommes vraiment difficiles à satisfaire.» Virée à travers quelques établissements de la capitale pour s’enquérir concrètement des conditions de séjour des confinés. Le tarif est de 6 100 DA/jour en TTC. Les étudiants et les séniors à faible revenu sont exempts des frais de confinement.
Mazafran : vers 10h 30, informé de notre arrivée sur les lieux, Liès Cherouk, directeur de l’hôtel Mazafran, nous épargne l’écueil des services de sécurité, très rigides, exigeant même de signaler notre visite à la brigade de gendarmerie. À la réception, ambiance assez détendue. Une réceptionniste comptait une liasse de billets tout en papotant avec son vis-à-vis. «Tests antigéniques au niveau de la piscine, 27 et 28 juin de 7h à 11h30. Départ les 28/29/06 à partir de 5h», indique une pancarte déposée sur le comptoir. L. Cherouk nous accompagne au bureau du président du groupe EGT Zeralda. «Vous savez, à venir de l’extérieur, on a l’impression que c’est le vide. Rendez-vous compte qu’il y a 1 000 personnes hébergées ici ?» nous dit-il au seuil de son bureau. Et d’ajouter : «Vous savez, le confinement est une expérience humaine, riche et diversifié, certes, mais aucunement une opération commerciale.» «Nos compatriotes payent un prix symbolique et ils attendent de nous un service 5 étoiles, alors que nous ne sommes qu’un établissement 3 étoiles», ajoute-t-il. «Jusque-là, nous avons fait une opération satisfaisante. Les gens nous arrivent dans un état hystérique parfois. Il nous font tout un cinéma, en refusant même le principe de se confiner», commente Cherouk en outre. «Il faut vraiment être là lorsque les gens arrivent. C’est le branle-bas de combat dans tous les services pour satisfaire nos concitoyens», enchaîne-t-il. «Se confiner dans une chambre n’est pas simple. Ce qui est compréhensible. Nous essayons parfois de gérer même les mentalités. Nous faisons de notre mieux… Ce qui est profondément touchant et lève le voile sur l’aspect attachant et indulgent de l’être, c’est qu’à la fin du séjour, place est à la cordialité et aux excuses après sérénité et reprise de l’esprit», explique Touati.

De l’aspect publicitaire du confinement !
Une opération comme celle du confinement a de multiples facettes et est très complexe de par l’impact du facteur humain. «Nous travaillons sans relâche. Tout le personnel de l’entreprise est mobilisé, de jour comme de nuit. Il nous arrive d’être surpris, tellement on découvre l’autre et, parfois même, on se découvre», affirme, en outre, le P-dg de EGT Zeralda. Un éventuel aspect publicitaire du confinement pour l’établissement, insinuez-vous ? «Tout à fait ! Des confinés de 2020 reviennent pour passer leurs vacances en famille. On reçoit également des appels pour réservation pour la saison estivale qui n’est pas encore lancée officiellement.» La saison estivale, qui demeure dans le flou et qui fait sortir de «leurs gants» certains professionnels, nous dit Salim Hachouf de l’hôtel Tulip Inn Naya de Bab Ezzouar, un des établissements privés qui a pris part à l’opération de confinement avec une touche «bien spécifique et honorable», témoigne Madjid, cousin de confiné dans l’établissement, rencontré au comptoir d’un café pas loin de l’hôtel.
Vers 12h, un appel est lancé par mégaphone indiquant l’appartement où se fera le test. Une opportunité d’approcher certains pour porter leur voix. «Dans l’ensemble, ça va. Les bungalows sont bien aménagés, les repas servis sont acceptables», nous dit Mokhtar arrivé d’Allemagne. «Nous n’avons pas à cacher la vérité, c’est vrai. A part un petit bémol, celui de l’entretien qui manque un peu, dont on nous dit que les femmes de ménage travaillent sans interruption pratiquement pour être au point», commente Bendris (en provenance de France).
À l’hôtel les Sables d’Or, toujours en rénovation, l’ambiance est des plus détendues et conviviales. D’autres confinés ne comprennent pas les retards pour les départs vers les hôtels, la confiscation des passeports, entre autres. «L’accueil est bien, le service… seulement on a dû attendre 2 heures pour démarrer de l’aéroport, nous disent Chiraz, Lydia et Imène, en provenance des États-Unis, d’Allemagne (Hambourg et Berlin), qui faisaient la queue pour le test.
En balade dans les grands espaces, dont certains en travaux, de l’hôtel les Sables d’Or, sis en face du Mazafran, nous croisons une équipe de la banque CPA qui installe les TPE (Terminal de paiement électronique). Intenses activités en vue d’une probable réouverture dans le sillage de la saison estivale. «Encore une fois, la saison estivale. Ce n’est pas évident. Enfin, si nous arrivons…»
«Nous avons eu peur avec tout ce qui se disait sur les réseaux sociaux. Finalement, tout est nickel. Tout s’est bien passé, nous sommes au 4e jour. Nous sortons après-demain», témoigne Houria, arrivée de France.
En voyant le jeune staff entourant Touati, un citoyen arrivant de Turquie commente : «Si l’on veut que les choses s’améliorent, il faut faire confiance aux jeunes. Nous avons un potentiel extraordinaire. (…) Les gens doivent comprendre que nous ne sommes pas là en touristes, nous faisons un transit dans un cadre bien défini, un cadre sanitaire pour le bien et l’intérêt de tous.»
«En tout, 6 000 et 2 000 confinés durant la première et la deuxième vague. Pour comprendre le confinement, il faut mettre en avant le facteur humain dans toute sa complexité. L’équipe, jeune et fortement engagée, a eu à faire une mission humanitaire surtout. Elle est très enrichissante et loin d’être une opération commerciale», nous dit, en guise de synthèse, le président de l’EGT Zeralda.
A l’hôtel El Marsa de Sidi Fredj, vers 14h, l’ambiance est plate…presque aucun mouvement. 122 confinés y séjournent dont un étranger. «Nous déplorons le retard dans le transfert vers l’hôtel de l’aéroport, sinon tout est bien ; accueil chaleureux. Même le directeur a porté les valises avec nous. Il y avait de quoi avoir des réticences, à entendre et voir ce qui se disait sur les réseaux sociaux. On nous achète même ce dont on a besoin à l’extérieur», témoigne Ouaïl, venu de Paris (Orly). Sur les doléances inscrites sur le registre réservé à cet effet, certains concitoyens ont déploré notamment : le manque de communication et d’information, les longues attentes, le retrait, plutôt «la confiscation» des passeports.

La saison estivale, compromise et incertaine
Hier matin, vers10h : Hôtel Tulip Inn Naya Alger (BEZ) ambiance cool au hall. 70 personnes confinées en plus de deux policiers dont la présence est remarquablement discrète. Quelques va-et-vient. Dans la grande salle mitoyenne, un homme pousse la poussette de son fils. «C’est un client confiné. Un Turque marié à une Algérienne», nous explique Salim Hachouf, directeur de l’établissement, et son assistante en communication. « Nous les faisons sortir par groupes dans un cadre organisé durant un quart d’heure par jour pour se dégourdir les jambes», ajoute la chargée de communication, confirmant les perturbations d’humeur et les susceptibilités de nombre de confinés qui, en fin de séjour, se ressaisissent et s’excusent auprès du personnel. «Nous sommes aux petits soins de nos clients ‘’confinés’’, même à 6 100 DA/jour en TTC. Nous cuisinons même pour ceux qui ont un régime à suivre», note le directeur de l’établissement.
Les responsables de Tulip Inn n’ont pas perdu de vue l’impact publicitaire du confinement. «Nous ne badinons pas avec la qualité des prestations à fournir. Nous donnons toujours le maximum. Même dans ce cadre de confinement qui n’est pas rentable sur le plan commercial, c’est une solidarité et une opportunité de vivre pleinement l’expérience», assurent-ils. Rivés sur les probables nouveautés à propos de la saison estivale, assujettis au comité scientifique de suivi de la pandémie qui se prononcera probablement vers début juillet pour trancher la question, en professionnels aguerris, ils estiment que cette année également connaîtra une saison estivale «en queue de poisson».
A. K.
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