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Rubrique Ce monde qui bouge

«Baba Merzoug» ne fêtera pas le 1er Novembre

Le temps passe et Alger n'est pas prête à revoir Baba Merzoug, ce fameux canon, une arme mythique, en bronze, mesurant sept mètres et pesant 12 tonnes, saisi après la chute d’Alger le 5 juillet 1830 par l’armée coloniale française et emmené en France. Et depuis, en ce 1er novembre 1954, cela fait 188 ans, que Baba Merzoug — la Consulaire pour les Français parce qu'il aurait servi à exécuter des captifs chrétiens — transformé en colonne reposant sur un socle et surmontée d’un coq, symbolisant la grandeur coloniale, se trouve dans l'arsenal de Brest. 
L'histoire de ce canon fait partie de la mémoire algérienne. Il aurait été fabriqué au XVIe siècle à Alger par un fondeur vénitien. La légende veut que Baba Merzoug, d'une portée de tir de 5 km, une arme puissante pour l’époque, ait à lui seul découragé toute tentative de débarquement ennemi dans la baie d'Alger.  Servi par une douzaine d'artilleurs, qui se relayaient, ce «gardien d’Alger», comme le surnommaient les Algérois, a acquis sa célébrité lors de la tentative de la prise d’Alger en octobre 1541 par Charles Quint. 
L’expédition, forte de 516 navires, commandée par l’empereur autrichien et roi d’Espagne Charles Quint en personne, s’était soldée par un désastre : ce dernier a même failli être fait prisonnier près de Bordj-el-Bahri par les cavaliers berbéro-maures appelés par le dey Hassan Agha pour défendre la ville contre l’envahisseur «chrétien». 
Plus que la tempête ayant soufflé en ce mois d'octobre 1541 et que les historiens européens invoquent pour justifier la débâcle de l'empereur austro-espagnol devant Alger, la légende — dans toute légende il y a une part de vérité historique — veut que «Baba Merzoug», qui figurait parmi la centaine de pièces d’artillerie défendant la ville, aurait à lui tout seul détruit plusieurs navires de la flotte de Charles Quint. Considéré alors comme un «don de Dieu» par les Algérois, ce canon fut, durant près de deux siècles, l’objet d’une véritable vénération. Il y a quelques années, notamment à la veille de la visite de François Hollande en décembre 2012, des appels avaient été lancés pour que ce canon, pas comme les autres, considéré comme faisant partie du patrimoine historique algérien, soit restitué à l'Algérie. Mais dans cette affaire, il n'y a pas que Baba Merzoug, il y a aussi et surtout les archives algériennes, les crânes de résistants algériens exécutés par l’occupant français — quelle idée de garder ces crânes alors qu’on invoque à tout bout de champ l’appartenance à la civilisation et aux valeurs démocratiques et de liberté ? — et les effets personnels du dey d'Alger Hussein. 
Lors de sa visite à Alger le 6 décembre 2017, Emmanuel Macron avait promis de restituer les crânes des résistants algériens ainsi qu’une copie des archives couvrant la période allant de 1830 à 1962. Les Français invoquent une procédure de déclassement complexe nécessitant la création d'une commission indépendante d'experts, voire l’adoption d’une loi par les deux Chambres du Parlement, sous prétexte de protection des collections et autres œuvres, pourtant fruit d’un pillage colonial, exposées dans les musées ! 
En attendant que cette commission d’experts voie le jour et qu’un projet de loi soit élaboré et déposé en vue de son adoption, il n’en demeure pas moins en ce 64e anniversaire du 1er Novembre 1954 et 56 ans après le recouvrement de l'indépendance, que Baba Merzoug et les crânes des résistants algériens resteront encore en France. 
H. Z.

 

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