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Rubrique Ce monde qui bouge

Maghreb, un Ramadhan qui fait froid dans le dos

C’est un Ramadhan qui sent le soufre alors qu’Algériens et Marocains, malgré la hausse des prix et la spéculation, n’ont qu’une envie, passer tranquillement ce mois sacré. Mais voilà. Les évènements sont en train de se précipiter. 
Les faits. Le 1er mai, le Maroc accuse l’Iran d’armer le Polisario, et le Hezbollah libanais d’entraîner les combattants sahraouis «sous des tunnels creusés sous le dispositif de défense marocain», arguant qu’il dispose «de preuves irréfutables». Mais alors s’il détient des «preuves» pourquoi n’a-t-il pas encore, 22 jours après ses graves accusations, saisi le Conseil de sécurité de l’ONU ? Or, en 2011, en pleine guerre de l’OTAN contre la Libye, n’avait-t-il pas accusé sans preuves le Polisario d’avoir des liens avec l’Aqmi ? 
Dimanche dernier, le Maroc encore a récidivé, criant cette fois-ci à la provocation. La raison ? Ce jour-là, les Sahraouis ont commémoré par une parade militaire à Tifariti, à proximité de la Mauritanie, le 45e anniversaire du «déclenchement de la lutte armée». 
Enfin, à qui veut-on faire croire que les manœuvres militaires dites «L’Afrique Lion» (16-29 avril), conjointes entre les Etats-Unis et le Maroc avec la participation de 15 pays, organisées sur le sol marocain et à proximité de la frontière algérienne, sont dirigées contre le danger terroriste infestant le Sahel(1) alors qu’il y a 8 000 militaires US au Mali et au Niger et plus de 4 000 soldats français dans la même région ? Si c’est le danger terroriste au Sahel, pourquoi avoir organisé ces manœuvres si près du nord de l’Algérie alors que le Sahel se trouve à plus de 2 000 km ? 
Fallait-il que l’Algérie y réplique en organisant à son tour des manœuvres militaires, baptisées «Toufane 2018», dans le nord-ouest du pays, impliquant l’armée de l’air (Mig-29, Su-30, des hélicoptères Mi-171…), la marine de guerre (11 navires de guerre et deux sous-marins qui ont simulé des tirs de missiles de croisière), avec débarquement de troupes et de blindés ? Elle ne pouvait pas rester sans réagir. 
Une semaine après, Alger a organisé une seconde manœuvre, «Déluge 2018», dans la région de Djanet (sud-est), qui a pris fin le 14 mai, avec usage de munitions réelles, et qui se voulait un avertissement contre toute tentative de déstabilisation du pays. 
Ces manœuvres militaires ne sont pas sans rapport avec les derniers développements survenus sur la scène moyen-orientale. En effet, plus que la menace djihadiste, c’est le renversement stratégique qui s’opère sous nos yeux au Moyen-Orient, sous la forme d’un axe Washington, Tel-Aviv, Riyad (Arabie Saoudite) pour faire face à l’Iran, qui inquiète. Un axe où le Maroc a cru bon de se connecter en tentant d’impliquer l’Iran dans la crise du Sahara Occidental et bien sûr l’Algérie. Comme si Téhéran, déjà englué dans le conflit syrien et sous la menace d’une intervention américano-israélienne, n’avait pas assez de chats à fouetter pour se permettre de s’ingérer directement dans une crise – le Sahara Occidental – située à plus de 2 000 km du territoire iranien. Chacun sait que l’Iran n’en a ni les moyens ni les capacités. 
Pour l’ex-ministre socialiste des Affaires étrangères français, Hubert Védrine, s’exprimant sur la radio France-Inter – vous pouvez retrouver son entretien sur internet ou en postcast – c’est le retour de l’Iran dans la région qui dérange Tel-Aviv, Riyad et leur parrain Donald Trump. 
Mardi, Washington a franchi un nouveau palier jurant de faire plier Téhéran en lui imposant les «sanctions les plus lourdes de l’Histoire» ! En attendant de l’écraser sous les bombes ? Sans doute. Quant aux Saoudiens, après la victoire électorale de Moktada Sadr et des communistes en Irak, ils sont tout bonnement invités par le centre d'analyses International Crisis Group (ICG), un organisme pourtant proche de la CIA, à éviter «de transformer ce pays en nouveau champ de bataille dans sa guerre froide avec Téhéran». Décidément. 
A ce stade, le fait que l’Algérie peine à se faire entendre sur le plan diplomatique – elle est de moins en moins audible – n’est guère rassurant par ces temps de bruit de bottes à ses frontières, avec un Maroc dirigé par un Makhzen dont les connexions avec le Mossad et les services occidentaux sont de notoriété publique et ne choquent plus personne, même pas une certaine partie de la gauche marocaine, et avec un Donald Trump dangereusement imprévisible. 
H. Z. 

(1) Y ont participé des unités militaires de l’Allemagne, du Canada, de l’Espagne, de la France, de la Grande-Bretagne, de la Grèce, de l’Italie, du Burkina Faso, du Tchad, de l’Égypte, du Mali, de la Mauritanie, du Sénégal et de la Tunisie. 

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