Les travaux «chroniques» sur l’autoroute Est-Ouest, on en a tout dit ou
presque. Enfin, quand il y a des travaux. Parce qu’au point où en sont
les choses, on ne sait plus s’il faut souhaiter que les interminables
verrues qui l’essaiment dans sa partie orientale soient retapées où
laissées en l’état. Oui, c’est paradoxal mais on n’arrive plus à
distinguer le moindre mal de la pire des souffrances sur ce tronçon
maudit qui va de Lakhdaria à Bouira. On en garde même de mauvais
souvenirs qui sont restés… mauvais ou le sont redevenus. Le fameux
«tronçon», tout le monde s’en rappelle, de triste mémoire. D’abord parce
que tous ceux qui ont eu à l’emprunter en tremblent toujours. Ensuite,
parce qu’on nous l’avait bien dit à l’époque : l’autoroute est parfaite,
il ne reste que ces quelques kilomètres qui, une fois refaits, nous
feront découvrir le plaisir de rouler, si ce n’est le bonheur de
voyager. On avait même essayé de nous convaincre que l’Etat n’y est pour
rien et les constructeurs pas vraiment blâmables. Ils nous avaient
«expliqué», dans un discours savant pas vraiment compréhensible mais
«passable», que c’était la faute du relief local. Et nous y avons cru ou
presque, habitués que nous sommes à prendre notre mal en patience,
sinon, dans le pire des cas, à «poursuivre le voleur jusqu’au seuil de
sa porte». On l’avait «inauguré» quand on nous avait dit qu’il ne
restait que ça avant que l’autoroute ne soit opérationnelle. Plutôt deux
fois qu’une, puisque dans notre cher pays, il y a l’inauguration…
théorique. Elle intervient quand un ministre veut «se mettre quelque
chose sous la dent» pour les besoins de sa carrière. Quand on estime
qu’une date historique ne peut pas passer sans les flonflons d’une
«grande réalisation». Et enfin quand un rendez-vous électoral se fait
imminent, il faut bien qu’on nous rappelle à quel point on s’occupe de
notre bonheur. Puis arrive l’inauguration… pratique, ou la vraie. Enfin,
appelons-la ainsi par commodité de langage. D’abord parce qu’elle peut
arriver longtemps avant la première et elle est rarement conforme à la
maquette. La preuve, en ces jours des premières caniculaires et de
grands départs, on en est encore à mesurer l’ampleur de nos désillusions
sur un tronçon d’autoroute, deux fois - ou plus, on n’en sait plus -
inauguré, des dizaines d’autres fois rafistolé et nous ne sommes pas
encore au bout de l’enfer. Sur ces kilomètres d’asphalte où pâtissent
les corps et les mécaniques, il y a des gens qui «travaillent» à nous
soulager. Mais dans leur détresse, les automobilistes ne savent plus.
Parmi eux, il y en a même qui ont réglé le problème dans leur tête et
ils le disent franchement : il vaut mieux qu’on laisse ce satané tronçon
tel qu’il est ! On s’y habituera et ce sera sans doute moins pénible.
S. L.
S. L.