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Rubrique Constances

Imène et Fahim

Dans ce pays happé par la folie meurtrière, Imène et Fahim, un jeune couple, sont découverts morts dans un appartement du cœur palpitant de la capitale. Le monoxyde de carbone. On avait fini par prendre cette nouvelle peste comme une banalité, tellement ses victimes ne se comptent plus. Pourtant, mourir d’un «accident domestique» ne peut pas être… accidentel quand ça atteint de telles proportions : chaque jour que Dieu fait depuis le début de l’hiver, les Algériens prennent connaissance d’une famille décimée par cette horreur «bien de chez nous». Il doit bien y avoir d’autres morts dans les mêmes conditions sous d’autres pans du ciel, mais jamais avec une telle ampleur. On ne fait jamais les choses comme les autres. On ne fait même pas comme les autres les choses qu’on… ne fait pas. Le pays s’est installé dans la logique du pire à l’échelle industrielle. Imène et Fahim sont les derniers morts par le monoxyde de carbone. Ils ont des prénoms parce que le hasard a voulu qu’ils soient plus ou moins connus, contrairement aux nombreux autres, enterrés dans l’anonymat du pays profond. Tant mieux qu’on puisse mettre des prénoms et des visages sur des morts qui n’avaient aucune raison de mourir. Si tant est qu’on puisse tirer une quelconque consolation de la mort d’une jeune fille et un jeune garçon ravis à l’affection des leurs à la fleur de l’âge.
Ce n’est pas vraiment sûr que ça serve à tirer l’alarme mais on peut toujours l’espérer, puisqu’il faut bien s’accrocher à quelque chose, quand la douleur est à ce point insupportable. Imène est bloggeuse et Fahim ingénieur. Pas besoin de vous dire qu’ils étaient jeunes, ils étaient beaux, ils s’aimaient, ils croquaient la vie à pleines dents et ils voulaient refaire le monde. Ils sont morts. Ils sont morts parce que leur pays est devenu la poubelle du monde où se déversent les déchets criminels du chauffage. Ils sont morts parce que leur pays est devenu l’eldorado de la contrefaçon industrielle. Ils sont morts parce que nos immeubles sont restés dans une autre ère géologique. Ou nouvellement construits avec les «normes» du tombeau ouvert. Ils sont morts comme beaucoup d’autres meurent tous les jours parce que les constructeurs trichent sur la tuyauterie ou ne savent pas en faire. Ils sont morts parce que l’Algérie du 21e siècle ne forme pas des chauffagistes et des plombiers. Ils sont morts parce que leur pays nous présente le chauffage au gaz comme suprême bonheur quand ailleurs, il est tombé dans l’obsolescence et la désuétude. 
Imène et Fahim sont morts comme sont morts beaucoup d’autres dont on ne connaît pas le prénom. Dans un pays où on peut mourir de tout et de n’importe quoi, on meurt aussi en voulant se chauffer, quand on ne meurt pas de froid.
S. L.

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