Placeholder

Rubrique Culture

Ryma Rezaiguia et Lamine Sakri exposent à Alger Beautés claustrales

Ryma Rezaiguia et Lamine Sakri exposent jusqu’à demain aux Ateliers sauvages leurs œuvres issues d’une résidence artistique d’un mois. Ce couple venu de Annaba séduit et déroute par la singularité de sa démarche autant que par ses atmosphères éthérées et austères. 

Des gravures, des peintures, des dessins, des croquis, des aquarelles et des installations occupent l’espace rustique des Ateliers sauvages qui accueillent une exposition bouleversante d’un couple de jeunes artistes. Ces œuvres, différentes, parfois criardes dans leur antagonisme et pourtant complices par on ne sait quel magnétisme secret, parlent aux cinq sens du spectateur. D’abord, le regard s’accroche obstinément à chaque détail pictural pour y débusquer un esprit rôdeur ; les mains sont ensuite appelées à toucher certains objets ; l’ouïe est quant à elle attirée par le bruit blanc d’une vidéo qui s’achève avant que les narines ne se fassent aiguiller vers une table des «matières» emplie d’odeurs d’encre, de peinture et de graisse… D’une toile à l’autre, se dessine une poétique complexe du réel : l’univers claustral et dantesque de Lamine Sakri et les atmosphères minérales et oniriques de Ryma Rezaiguia cheminent, parfois en se bousculant, vers une esthétique sans équivoque sur la rencontre entre des hantises et des tourments intimes. 
Lamine Sakri fait parler des ombres torturées, des silhouettes combatives au cœur de leur agonie et un monde saccagé. Ses estampes transhument de la résignation à la révolte et tracent avec minutie d’innombrables expressions du chaos. L’artiste transfigure les choses et les êtres pour leur faire dire des vérités primitives : l’inquiétude et l’insécurité ; l’amour et le désir ; le renoncement et la lassitude… Autant d’abstractions et d’obsessions superbement couchées sur un papier froissé à dessein ! 
Ryma Rezaiguia dénote, quant à elle, avec des pastels et des acryliques aux allures faussement douçâtres. Ses projections circulaires quasi-translucides semblent avoir été accouchées en rêve, son attachement à une certaine pureté des formes et des couleurs installe un rapport apaisé entre le regardeur et l’œuvre. Apaisé pour un temps car l’on ne tardera pas à découvrir les immersions de l’artiste dans un univers minéral où courent en cascades les veines de la terre. Ryma semble obnubilée par les mines du Zaccar à Miliana, non pas en tant qu’espace mythique et lugubre qui avalait, jadis, les corps et les vies des travailleurs, mais en tant que lieu sourd révélant l’insurmontable poésie du sous-sol. Invisibles, silencieuses et poreuses, les profondeurs terrestres deviennent sous la main légère de l’artiste, une multitude d’artères chorégraphiées dans le trouble et la beauté. La fascination devant l’abîme devient alors contagieuse et l’on détache difficilement le regard de ces images dédaléennes où s’entendent presque les bruissements d’une terre vivante en même temps que les élégies de sa mort annoncée. Il y a quelque chose d’à la fois mélancolique et chantant dans l’univers de Ryma, capable de reproduire inlassablement le même geste créatif, avec à chaque fois une nuance cruciale, pour atteindre l’harmonie. Celle-ci doit cependant lutter contre les reliefs et les lignes oppressives qui semblent en découler comme une évidence pour ensuite l’assaillir dans une spirale matricide… 
Exigeant, détonant et poétique, le travail de ces jeunes artistes a de quoi bouleverser la monotonie de la scène algéroise tant il s’échappe allègrement des cadres à la mode et va tutoyer ce qu’on oserait appeler la création pure. 
Sarah Haida

 

Placeholder

Multimédia

Plus

Les + populaires de la semaine

(*) Période 7 derniers jours

  1. Coupe du monde de gymnastique L'Algérienne Kaylia Nemour s'offre l'or à Doha

  2. Affaire USM Alger - RS Berkane La décision de la CAF tombe !

  3. Demi-finale aller de la Coupe de la CAF Le match USM Alger - RS Berkane compromis, Lekdjaâ principal instigateur

  4. Le stade Hocine-Aït-Ahmed de Tizi-Ouzou pourrait abriter le rendez-vous La finale se jouera le 4 mai

  5. Coupe de la CAF, le match USMA-RS Berkane ne s’est pas joué Les Usmistes n’ont pas cédé au chantage

  6. Temps d’arrêt Lekdjaâ, la provocation de trop !

Placeholder