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Rubrique Lettre de province

La caste en quarantaine et l’état de grâce des partis

«Ils ne moururent pas tous, mais tous en furent atteints.» Semblables aux «animaux malades de la peste», dont la fable narre leur extinction, nos partis politiques sont à leur tour affectés par le syndrome mortel de la corruptibilité. Disqualifiés les uns après les autres par l’électorat, ils ont fini par n’être perçus que comme des niches de la rente que les pouvoirs ont toujours entretenues afin de se prévaloir de la qualité de démocrates. A l’exception de quelques «adresses» partisanes respectables, la plupart ne sont rien d’autres que des courants d’air maquillés en courants politiques. Ce sont ceux-là qui, jusqu’à présent, survivent dans l’arrière-cour du régime. Qu’ils se soient engagés, à un moment de leur existence, dans une improbable alliance afin de bénéficier de quelques hypothétiques retours d’ascenseur ou, pour d’autres, qu’ils aient gardé une certaine distance politique afin de tirer un avantage moral de leurs indépendances : tous, en définitive, partagent la triste suspicion d’avoir, peu ou prou, légitimé la pratique des faux mandats électoraux. En effet, de quel prestigieuse différence pouvaient-ils se distinguer les uns des autres si ce n’est qu’à travers de dérisoires postures de tribunes ? Dès l’époque où ils commencèrent à s’accommoder de la théorie des quotas dont le pouvoir en avait fait l’instrument de contrôle, ne s’étaient-ils pas, de fait, inclinés devant les choix dictés d’en haut. Etonnamment, ce furent en premier lieu les partis que l’opinion a pris en grippe, en les accusant d’avoir brouillé la vocation qu’elle se faisait de la politique, en général. Même si la responsabilité des pouvoirs pouvait, a priori, paraître secondaire, cela n’expliquait guère le fait qu’aucun régime, depuis la Constitution de février 1989, ne s’était efforcé de respecter l’éthique démocratique des urnes. Pour autant, les partis ne pouvaient être quitte du même reproche, car tout recentrage de la problématique actuelle exige une rétrospective pointue consacrée aux trente années (1989-2019) de la société politique. En attendant, ce que l’on sait déjà au sujet de cette dernière est qu’elle avait plutôt servi à la restauration du système de la cooptation et cela, à la suite de toutes les cautions muettes dont les auteurs étaient les partis. Et si, de temps à autre, quelques rares personnalités politiques en arrivèrent à l’autocritique, ceci n’était-il pas le signe de l’ampleur de l’échec d’un pluralisme structuré sous le diktat des pouvoirs en place ? En presque trois décennies, sa régression n’a jamais pu, en effet, déboucher sur une recomposition autour de quelques familles doctrinales suffisamment représentatives. En revanche, il contribua à brouiller la perception commune concernant la pratique des libertés politiques, cédant, en cela, à l’apparition de sigles folkloriques. Depuis la reconsolidation du système qu’Octobre 1988 avait pourtant ébranlé, les gouvernants virent dans la suspicion grandissante de l’électorat une opportunité pour reprendre la main sur les libertés publiques. Redevenus comme par le passé, le seul rempart contre les dérives, ils ne se privèrent pas de tuer dans l’œuf toutes les velléités de créer des appareils solides. A grands traits donc, le bilan est peu glorieux pour le pluralisme même s’il n’est pas question de solder son existence quand il est encore possible de le refonder dans un autre contexte… constitutionnel. Autrement dit, comment substituer à ces ersatz de chapelles, réduits au rôle de faire-valoir, de solides courants doctrinaux en mesure d’assumer démocratiquement une alternance, même lorsque celle-ci doit impérativement passer sous les fourches caudines d’une cohabitation ? Posée ainsi, la question ne relève plus de la dissertation journalistique puisque l’actualité vient de l’esquisser ! En effet, la rumeur court depuis quelques jours à propos d’un «grand casting» à El-Mouradia(1) auquel seraient associés, enfin, les partis politiques. Et si les bruits persistants et les conjectures ont pris leurs sources dans les rédactions de certains journaux, ils ne furent guère démentis. S’agissant d’un probable remaniement partiel du gouvernement, l’on nous révèle justement que le maître d’œuvre de cette consultation aurait privilégié les avis des partis politiques mettant ainsi fin aux démarches du passé. Retour en grâce de la classe politique ou, simplement, démarche circonstancielle destinée à sanctionner les castes du régime après les terribles effets collatéraux accusant certains intouchables ? Sans doute que le représentant du chef de l’Etat a voulu signifier qu’il y a bien plus qu’un souhait dans la décision officielle de relooker la façade gouvernementale afin qu’elle redevienne «présentable» lors de la prochaine campagne présidentielle. Il est vrai qu’à la suite des récentes révélations ayant mis à nu la fausse respectabilité dont se sont longtemps prévalues des personnalités de grande influence, la classe dirigeante, dans son ensemble, bafouille lorsqu’on lui demande de s’exprimer et préfère même se taire. C’est que le torrent de boue qui l’a éclaboussée vient de transformer les privilèges qui l’immunisaient en fosse à purin. Devant une telle épreuve, le palais n’avait d’autres choix que de désavouer ces infidélités peu ragoûtantes et dans le même temps imposer une «quarantaine» politique aux rescapés des tribunaux. Autant de décisions qui lui suggérèrent, sans doute, de remettre à l’ordre du jour le rôle primordial qu’auraient dû jouer les partis politiques ! En somme, une réhabilitation par défaut.
B. H.

(1) Titre de l’article consacré à ce sujet par le quotidien Liberté de juillet 2018.

 

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