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Lula, le phénix brésilien !

Le phénix, c’est ce merveilleux griffon de la légende ! Oiseau de feu doué de longévité qui renaît à chaque fois après s'être consumé sous l'effet de sa propre chaleur. Ne pouvant se reproduire quand il croyait sa fin venir, il construisait un nid de branches odoriférantes et d'encens, y mettait le feu pour se mieux consumer dans ses flammes. Des cendres de ce brasier régénérateur surgissait alors un nouveau phénix, toujours le même. Le phénix du jour, c’est Luiz Inàcio Lula da Silva, appelé tout simplement Lula, qui vient d’être réélu à la présidence du Brésil, le plus grand pays d’Amérique du Sud et pilier des BRICS. Phénix, c’est vraiment le terme qui lui sied et résume bien sa trajectoire politique faite de défaites, de drames, de chutes, de victoires et de résurrection.
A seulement trois jours du second tour de l'élection, Lula a soufflé 77 bougies sur son gâteau d'anniversaire. Un rare moment de répit dans une campagne électorale violente comme le vieux loup des mers syndicales et politiques n'en avait jamais connue lors de ses cinq précédentes candidatures. Son élection dimanche face au président d’extrême-droite sortant Jair Bolsonaro est nul doute la dernière de l'icône de la gauche latino-américaine, dont la longue vie politique et personnelle est marquée par une série de morts et de résurgences. Comme quoi, il ne faut jamais enterrer trop vite un homme politique de la trempe de Lula, parti de loin et qui revient de loin en se hissant déjà deux fois à la présidence (2003-2010). Qui imaginait un seul instant que, condamné lourdement pour corruption, il reviendrait trois ans plus tard occuper de nouveau le palais du Planalto à Brasilia, après avoir défait brillamment le réactionnaire Jair Bolsonaro qui lui souhaitait publiquement de «pourrir» le reste de sa vie dans une cellule ? Personne !
Sa barbe a blanchi, les cheveux en bataille du syndicaliste pugnace se sont éclaircis. Mais l’énergie, la combativité, l’instinct politique de Lula semblent inaltérés, au vu des vidéos de ses meetings et de ses rencontres avec la presse. Le leader syndicaliste tout feu, tout flamme des années 1970 perce toujours dans le lumineux politicien de 77 ans, président du Brésil pour la troisième fois dès le 1er janvier prochain. Une nouvelle étape marquante dans une vie hors du commun.
Qui pensait donc il y a un an que la figure emblématique de la gauche latino-américaine, condamnée à une peine de douze ans de prison, serait d’abord le favori des sondages à la veille du premier tour, et ensuite le vainqueur du raciste Jair Bolsonaro, qui lui souhaitait les feux de l’Enfer et de mourir dans sa cellule le reste de sa vie ? Champion de la lutte permanente pour la justice sociale pour ses partisans, incarnation de la corruption pour ses adversaires, il a fini par mettre les Brésiliens d’accord sur un point essentiel : il a marqué un demi-siècle d’histoire tourmentée de cet immense pays de 214 millions d’habitants.
En 1980, il fonde le Parti des travailleurs. En 1989, il devient candidat à l'élection présidentielle. Le 27 octobre 2002, il devient président du Brésil. Le 12 juillet 2017, il est condamné à neuf ans de prison, et le 24 janvier 2018 à douze années en seconde instance, il renaît de ses cendres en 2022 pour affronter, en position de favori, Bolsonaro. Ces étapes de sa vie et de son parcours politique sont autant d’expressions et de démonstrations de sa longévité et surtout de son extraordinaire résilience.
En 1945, Luiz Inàcio Lula da Silva naît dans la misère au sein d’une famille d'agriculteurs de Pernambouc, l'État le plus pauvre du Brésil. À l'adolescence, il se lance dans des études de métallurgie, son premier métier. À 21 ans, il mène ses premières grèves, en pleine dictature militaire, l’une des plus dures d’Amérique latine. A 30 ans, il devient président du puissant syndicat de métallurgie et guide les formidables mobilisations qui rassembleront 170 000 travailleurs dans les banlieues de São Paulo. Cinq ans plus tard, en 1980, il fonde le Parti des travailleurs (PT) associé à d'autres syndicalistes, des figures en vue de la gauche catholique et du monde des intellectuels. En 1989, il devient candidat à l’élection présidentielle, premier scrutin démocratique depuis 30 ans.
Il perd finalement face à Fernando Collor de Mello, représentant de la bourgeoisie brésilienne et premier président du pays après la dictature militaire. Il se représentera ensuite en 1994 et en 1998, et connaîtra, de nouveau, le même sort. Candidat malheureux, il se représente à l'élection présidentielle de 2002, qu'il remporte haut la main, obtenant plus de 60% au second tour. En 2008, il brigue un second mandat. Lorsque il laisse la place à son héritière Dilma Rousseff en 2011, près de neuf Brésiliens sur dix ont alors de lui une opinion favorable. Son bilan : 20 millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté ; une hausse de la classe moyenne de 37% de la population a été constatée ; 14 millions d'emplois ont été créés ; tout cela avec une croissance à 6%.
Mais il est vite rattrapé dans le cadre d'une enquête gigantesque mais bâclée, «Lava Jato» (Lavage express), menée par la police fédérale, impliquant la société pétrolière publique Petrobras. Il est reconnu coupable de corruption passive et de blanchiment. Le 7 avril 2018, il est fait prisonnier à la suite d'un mandat d'arrêt. Cette condamnation est finalement annulée par la Cour suprême du Brésil en 2021 après la révélation en 2019 de discussions de Sergio Moro, juge en charge de l'affaire, qui démontrait que celui-ci n'avait aucune preuve tangible contre l'ancien président du Brésil.
Lorsqu’ils voulaient représenter l’âme, les Égyptiens anciens peignaient un phénix, parce que cet oiseau est de tous les animaux celui qui vit le plus longtemps. Et tel le phénix du mythe perpétuel, Lula fait un retour politique miraculeux dans le contexte d'un Brésil qui n’en pouvait plus de la présidence chaotique de Bolsonaro.
N. K.

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