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Pour un ministère de la résilience nationale !

Eté 2021, Vladimir Poutine, leader visionnaire d'un pays-continent, s'était inquiété de catastrophes naturelles d'une ampleur «sans précédent» en Russie, confrontée comme jamais à des feux de forêt particulièrement dévastateurs en Sibérie et à des inondations catastrophiques dans le sud du pays. Il avait alors appelé le gouvernement fédéral à «agir rapidement et efficacement» face aux problèmes écologiques à grande échelle. «Tout cela montre encore une fois à quel point il est important de nous engager à l’avenir, de manière profonde et systématique, dans le programme climatique et environnemental», avait-il dit. Et pour cause, plus de 16,6 millions d'hectares ravagés ! Même état de fait dans le pourtour méditerranéen, en Californie, en Amazonie, au Mozambique, au Zimbabwe, entre autres zones du monde dévastées. Et l'Algérie, main criminelle mise à part, n'y avait pas échappé en 2021 comme cet été, phénomène dû selon les experts onusiens du GIEC au changement climatique qui s'accélère à grande vitesse et qui est lui-même le produit du consumérisme et du productivisme humain effrénés. 180 000 incendies enregistrés à travers le monde en 2021 !
Le péril écologique est une réalité intangible. L'Algérie, peu préparée à y faire face, doit nécessairement changer de paradigme, de philosophie, de mentalité et de culture en matière de gestion et surtout de prévention des catastrophes naturelles, industrielles et technologiques. La nouvelle approche en la matière découle de l’exigence et plus encore de l'urgence de renforcer considérablement les capacités de résilience nationale dans tous les domaines de la vie publique (État, défense, sécurité, économie et société). Thème déjà abordé par Le Soir d'Algérie, il y a plus d’un an, dans un article intitulé «Renforcer la résilience nationale, une urgence absolue». Il y a donc de l’intérêt dans la répétition des choses, selon le dicton arabe. C’est même un crédo et un leitmotiv à la fois.
Renforcer puissamment la résilience nationale implique la réduction substantielle des risques d'exposition du pays aux catastrophes naturelles et industrielles. Nous ne pouvons pas toujours prédire une situation d’urgence, mais nous pouvons nous y préparer peu ou prou, c’est évident ! Ce qui nécessite d'améliorer substantiellement la gestion actuelle des risques de catastrophes (GRC), en insistant sur le développement des capacités locales et le savoir-faire technique pour la réduction des risques de catastrophes (RRC). On se demande toujours pourquoi l'Algérie, en dépit de l'existence de capacités institutionnelles et réglementaires destinées à faire face aux conséquences des dangers naturels et industriels, ne parvient-elle pas encore à construire une forte résilience nationale et réduire sa grande vulnérabilité aux aléas naturels et aux dommages provoqués par l'Homme ? Pour atteindre plus ou moins ces deux objectifs, à moyen et long terme, les décideurs politiques devraient songer, et le plus tôt serait le mieux, bien sûr, à la création d'un grand ministère de gestion et de réduction des risques de catastrophes pour mieux en juguler les inéluctables effets dévastateurs sur les populations. Concrètement, un super ministère des situations d'urgence à l'image de la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie, l'Ouzbékistan et l'Azerbaïdjan, pour ne citer que ces pays de l’ancienne URSS.
On pourrait donc appeler ce méga-département gouvernemental «ministère des situations d'urgence» ou même «ministère de la résilience nationale», en charge de la réduction et l’atténuation des effets des catastrophes naturelles et industrielles, ainsi que de la défense civile (Emergency Control Ministry, en anglais). Ce méga-ministère, qui serait aussi important que celui de la Défense ou de l’Énergie, en termes d'intérêt stratégique national, serait une structure à compétence transversale pour répondre aux problèmes de crises globales ou locales liées à des situations d'urgence de tout type et aux catastrophes naturelles ou industrielles. Cette nouvelle structure travaillerait en mutualisation de moyens et d’intelligences avec les ministères de la Défense, de l'Intérieur et des Collectivités locales et un ministère de l'Économie et des Finances. Sans oublier naturellement un ministère de l'Environnement accédant enfin au rang de secteur sensible et stratégique, et pas un ministère purement symbolique, pour ne pas dire un faire-valoir administratif ou un alibi gouvernemental. Un ministère de l'écologie qui aurait notamment la mission de protéger les forêts et le couvert végétal qui ne doivent plus être du ressort exclusif du ministère de l'Agriculture ou d’un secrétariat d’État dédié aux forêts.
Les incendies dantesques des mois d’août 2021 et 2022 dans de vastes franges du nord du pays qui ont perdu ainsi une grosse partie de leur couvert végétal et de leur protection écologique ont montré à quel point la Protection civile, aussi louables et héroïques que furent ses efforts, ne doit plus être l'outil privilégié ou l'unique dans la gestion des incendies. Ils ont révélé aussi que l'ANP, aussi méritoires et admirables que furent ses efforts de participation à l'extinction des feux et aux secours actifs aux régions sinistrées, n'est pas formatée pour mener la guerre du feu. Mais ce n'est évidemment pas dans son logiciel de défense nationale de jouer au rôle de pompier, même pour combler des lacunes, suppléer à des carences institutionnelles ou occuper carrément un vide. À moins, comme en France, de la doter d'un corps de sapeurs-pompiers dûment formé et suffisamment outillé, et épaulé par des pompiers volontaires et des pompiers issus du Service national, brefs des soldats du feu d’élite.
Voici venir donc le temps de songer à la création rapide de nouveaux organes de gestion de crise, destinés à protéger la population et les territoires en cas d’urgences naturelles ou industrielles. Il n'est jamais trop tard pour bien faire, aphorisme classique mais ô combien utile à rappeler de nouveau. Il y a de l’intérêt dans la répétition des choses. Le rappel de cet adage arabe, même s’il s’apparente à une bouteille jetée à la mer, n’est pas, encore une fois, inutile.
N. K.

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