Covid-19 ! C’est aujourd’hui une évidence scientifique. L’endroit le plus sûr au monde, sans confinement, c’est…
… Wuhan !
Le choc ! Je crois que c’est d’abord sur la lumière que j’ai flashé. Jamais vu auparavant cette lumière-là, avec cette intensité particulière dans mon appartement. A cette heure-là, s’entend ! Midi, à la maison. Midiiiii, à la maisooooon ! Oui, je réécris la même phrase en rajoutant un point d’exclamation et des voyelles bégayantes, parce que je n’en reviens toujours pas. La dernière fois, ça remonte à quand ? Je cherche, je cherche, je me triture la mémoire, et… rien ! De vagues souvenirs. Des réminiscences, des bribes de flou, mais aucune image précise. La seule lumière dont je me souvienne en ce lieu dénommé «mon appart’», c’est le noir presque total. Départ, le matin, aux aurores. Dans le noir. Retour, le soir, à la nuit tombée. Dans le noir, toujours. Et des fois, même au p’tit jour, mais ces jours-là, impossible, dans mon état, de me remémorer quoi que ce soit, et sûrement pas la lumière naturelle du midi, celle du soleil chez moi. Non encore remis du choc des lumières, c’est au tour de mes narines d’encaisser un gros uppercut. Une odeur envoûtante me parvient de la cuisine. Mon Dieu ! L’extraordinaire force attractive qu’opère cette odeur sur mes jambes et mon corps tout entier. Je me retrouve littéralement téléporté dans l’office. Et là, je vois bien qu’il y a un machin rectangulaire, planté au beau milieu du plan de travail, hérissé de quatre feux. Sur l’un d’entre eux repose une cocotte-minute qui exhale des senteurs, mais des senteurs ! Je ne vous dis pas ! Ou plutôt si ! Je dois vous dire que ce bidule bardé de feux me rappelle quelque chose. J’ai une vague idée sur un jour, un jour lointain où j’étais rentré à la maison — toujours pas à midi — et portant cet objet à bout de bras fourbus. C’est donc à ça que ça sert, cette drôle de machine. A cuire et à dégager des odeurs ensorcelantes. Moi, dans la cuisine, mon seul pote, mon vrai copain, c’est le micro-ondes. Ah ! le micro-ondes. Mon fidèle micro-ondes. Il ne m’a jamais rien refusé. Toujours disponible et à des heures impossibles. Sacré frérot ! je t’aime, toi, tu sais ? Bon ! Ma… flamme et mon amour ainsi publiquement déclarés à mon micro-ondes, ça ne règle pas tout. Faut maintenant que je résolve un gros problème, une énigme ardue : que faire dans son appartement à midi, cette heure indue ? Ben… peut-être juste y fumer du thé pour espérer rester éveillé à ce cauchemar qui continue.
H. L.
