Le Delta. Puis, le Delta+. À quand le…
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Alger. Hôpital public. Rendez-vous pour ma deuxième dose de vaccin. Le même médecin que lors de la première dose. Une femme. Le sourire accroché au-delà de sa bavette et le corps en mouvement permanent, malgré l’entrave de la charlotte. Des questions, posées par réflexe professionnel quasi atavique, entre la prise de température, celle de ma tension et le contrôle de saturation. Réponses rapides sans arrêter le protocole : « Cela fait 17 mois que je suis en service Covid, sans interruption.» Questions à nouveau, parce que ce foutu métier de questionneur vous colle à la peau : « Et votre vie ? Comment tenez-vous ? » Réponse tout aussi laconique que la première : « J’habite à trente kilomètres d’ici. Je sors, il est fait nuit. Je rentre, il fait nuit. Je suis bien contente de regagner ma maison, le soir.
12/8 de tension. C’est bon ! Allez ! Tendez le bras. Je pique ! » Et là, me sont revenues ces images récoltées sur mon chemin vers
l’hôpital : des « estivants » jouant au chat et à la souris avec les gendarmes pour aller faire trempette dans la mer, quelques instants. Un enfant, peut-être plusieurs attendent cette femme médecin, le soir à la maison. Des infirmières aussi qui arpentent les couloirs de ce service. Du personnel paramédical. Des gardiens de pavillon. Des gens de santé. Demain, peut-être, ou dans quelques jours, les resquilleurs de la plage atterriront ici. Ou dans un autre hôpital. Et seront diagnostiqués positifs au virus. Parce que la vague de chaleur leur aura semblé suffisamment suffocante pour affronter, malgré tout, les risques de vagues plus meurtrières. La femme médecin sera là, pour les accueillir. Ses collègues aussi. Ceux qui survivront aux vagues inconscientes. Jusqu’à quand ? À trente kilomètres de ce grand hôpital d’Alger, dans une banlieue de l’attente, un enfant, peut-être deux attendront le retour de leur maman. Sans charlotte. Juste avec son magnifique et irradiant sourire. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
