A chacun son destin, ya bouguelb ! Les Français accueillent leurs héros sur les Champs ! Et nous, nous sommes sommés d’accueillir…
… Djamel Beghal sur-le-champ !
Elle ne m’a pas souri. Je crois même que lorsqu’elle m’a vu débouler, elle a fait la gueule. Je la comprends un peu ! La manière dont je l’ai délaissée n’était pas élégante. Ça frisait même la goujaterie ! Heureux et souriant, moi, je l’étais pourtant ! Les hommes sont comme ça ! Rustres qui choisissent de partir, de rompre brutalement. Puis, qui reviennent encore plus brutalement, croyant sûrement, dans leur machisme débordant, qu’ils étaient attendus et espérés. J’ai donc fait semblant de ne pas remarquer le nuage lourd dans l’intensité bleue de son regard. Fascinant, ce bleu. Le même, depuis la dernière fois. Peut-être un peu défraîchi. Un brin repassé. Faut dire que de l’eau a coulé sous les ponts. Mais les «restes» sont toujours aussi attirants. Et mon regard mâle n’en ratait pas une miette. Comme les rondeurs généreuses. Le galbe en partie supérieure. Et un port altier, mon Dieu, ce port royal qui révèle des profondeurs insoupçonnées pour qui ne sait pas observer. Dans la pénombre de la pièce où je l’avais délaissée, cloîtrée dans la même posture, je lui ai murmuré : «Je viens te chercher.» Elle n’a pas daigné répondre. La bougresse savait aussi me faire languir. J’ai avancé le bras vers elle. Doucement. Elle n’a pas réagi. Je me suis enhardi ! En l’enlaçant ! Une légère résistance, puis, encouragé, je l’ai littéralement soulevée ! Fou de bonheur, j’ai senti qu’elle cédait enfin ! J’avais retrouvé ma citerne d’eau en plastique dur bleu de 200 litres de contenance, remisée depuis des années dans le grenier. Des retrouvailles empreintes d’humide émotion. Et des promesses de propreté à venir dans mon foyer privé d’eau depuis une semaine. C’est fou comme les vieux réflexes reviennent vite dans une relation amoureuse. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
