On prétend en parler à l’excès quand beaucoup d’entre nous préfèreraient regarder ailleurs. Offrir des moyens équivalents à tous, pour que tous soient assurés d’apprendre, de réussir et d’en finir avec l’échec ? C’est râpé ! Les enfants algériens n’ont ni les mêmes chances d’accéder à une scolarité digne de ce nom ni d’accéder aux résultats auxquels l’école au sens noble du terme est censée conduire. Parce que le chauffage, le transport et la cantine en font partie, que c’est sur ces priorités que l’investissement bute et que c’est, comble de l’incompétence, en rognant sur l’indispensable que l’on pense économiser.
Une fois élu, on oublie vite ce pourquoi on l’a été et par qui on l’a été. Les choses se sont aggravées ces dernières années. Depuis que la rapine a progressé et n’a eu aucun mal, elle, à se démocratiser en réglant leur compte à toutes les urgences.
J’ai raconté, il y a quelques semaines, que j’avais lu dans notre rubrique «Régions», que des hameaux perdus, là où personne ne va jamais, avaient fini par être enfin branchés au gaz naturel.
Une information pareille avait de quoi sévèrement vous calmer. Comment ne pas relativiser ses appétits de nouveauté et de mieux être quand d’autres Algériens peinent encore à accéder à un minimum de confort et fêtent allègrement leur relative accession au monde civilisé ? Il y en a qui acceptent leur sort de citoyens de seconde zone et prennent leur mal en patience. Comment et pourquoi s’étonner que des régions entières en soient encore réduites à faire de la figuration au profit d’un candidat ou d’une cause quand leurs responsables locaux les y invitent ? Mais, il y en a qui, conscients de l’injustice qui leur est faite, s’élèvent contre celle-ci en s’opposant au fait accompli.
Dans un pays que l’on a du mal à imaginer à l’agonie, il y a des enfants qui ne vont pas à l’école parce qu’il y fait trop froid. Mais oui ! Un pays aussi riche que le nôtre ne reconnaît pas à l’ensemble de ses enfants le droit au transport scolaire et à celui d’étudier au chaud. Encore une explication à l’abandon de nos campagnes et à l’exode massif vers la capitale avant les exils meurtriers.
M. B.
