Ce n’était pas la première fois que j’entendais parler de refus de la part d’un homme de laisser examiner son épouse par un autre homme, fut-il médecin et quelle que soit l’urgence du moment. Des faits identiques avaient été vivement dénoncés, il y a quelques années, selon le degré d’agressivité qui les accompagnait dans des hôpitaux français, par exemple. Mais l’on n’avait jamais raconté que quelqu’un avait osé s’en prendre physiquement à un praticien dont la vocation est de remettre sur pied toute personne ayant un besoin urgent d’assistance. j’adhère totalement à l’idée qu’un médecin est asexué et ma conviction à ce propos reste inébranlable. Lorsque l’on est mal en point, on se soucie comme d’une guigne du sexe de celui qui nous prend en charge.
En Algérie où tous les excès sont permis et je ne le dis pas pour le plaisir de dénigrer mais parce que les faits sont inqualifiables, on fait mieux. On fait toujours mieux d’ailleurs chez nous dès qu’il s’agit de sauter à la gorge de l’autre.
Dans le cas qui nous intéresse, on fera le pied de grue devant un cabinet pour imposer la horma que l’on doit à son épouse. Aucun collègue de sexe masculin ne viendra par conséquent souiller par sa présence les lieux de la consultation. Parce que là aussi on estime avoir son mot à dire à qui oserait violer les lois que des prédicateurs, pseudos érudits, ont concocté à l’endroit d’ignorants prêts à en découdre avec qui s’aventurerait à enfreindre des règles religieusement établies.
Un internaute raconte que dans un hôpital de Sétif, un médecin, la tête en sang, a raconté comment il a été laissé pour mort par le mari d’une patiente. Il avait pénétré dans un cabinet où l’épouse de ce dernier, débarrassée de son djilbab, se faisait ausculter par une femme.
Des réactions et des partages par centaines. Mais convaincront-ils, pour autant, les autorités qu’il faut sévir et en urgence contre de tels comportements et rappeler à ceux qui font dans un zèle aussi odieux que pour s’élever, il faut faire autrement ? Transmettre au lieu de tuer ce qui reste d’une conduite sociale malmenée et dont ils ignorent, hélas, tout au demeurant.
M. B.
