La légère comparaison qui va suivre entre la perception que l’on a ailleurs de l’espace public et celle que l’on en a ici m’a été suggérée par une lectrice fidèle de cette rubrique. Elle pourrait paraître naïve, voire inappropriée à certains d’entre nous. Et pourtant...
«Je me souviens de ce fameux voyage de dix jours à Alger car à mon retour, ma voiture avait disparu ! J'ai cru à un vol mais il y avait un papier dans la boîte aux lettres. Il s'agissait d'un document de la fourrière. Cela m'a coûté la bagatelle de 150 euros pour la récupérer. J'ai rouspété en clamant que la voiture était juste devant chez moi. Le responsable de la fourrière a ri et m'a rétorqué : ‘‘La rue n'est pas chez vous. C'est l'espace public et pour votre gouverne, l'espace public ne vous appartient pas. Vous n'avez pas le droit de stationner votre voiture plus de 8 jours sans la bouger. C’est la loi.’’
Deuxième anecdote : j'avais un cours particulier à donner. Il était 18h et il faisait sombre. J'ai stationné par mégarde devant un grand portail. Lorsque j'ai fini mon cours, j'ai eu la désagréable surprise de trouver un papier collé sur le pare-brise. ‘‘Je fais comment pour rentrer chez moi ?’’ m’avait-on écrit. 60 euros pour stationnement non autorisé. La fourrière avait été contactée mais j'étais partie avant l'arrivée de la remorque. Troisième anecdote : devant chez moi à Alger, il y a une carcasse de voiture depuis environ 2006. Personne ne sait à qui elle appartient. La rumeur dit qu'elle est à un ami du fils d'une ancienne voisine. Cela veut dire que ni le propriétaire du véhicule, ni celui qui l'a déposé, ni l'ancienne voisine n'habitent la rue.
L’épave gêne tout le monde. Son spectacle est hideux. Plusieurs personnes sont allées au commissariat pour demander son retrait. Réponse : ‘‘nous ne pouvons pas toucher au véhicule sans la permission du propriétaire.’’
Une autre fois, quelqu'un a voulu payer un remorqueur pour qu’il enlève l'épave en douce. Mais cela ne s'est pas fait. ‘‘Trop risqué’’, lui a-t-on répondu. Si je stationne devant le domicile d'un ministre, qui sera chargé de retirer ma voiture et au bout de combien de temps ?»
M. B.